Alors que les réseaux mobiles évoluent rapidement vers la 4G et la 5G, Free et Orange surprennent en demandant à prolonger leur contrat d’itinérance mobile pour la 2G et la 3G jusqu’à leur extinction complète prévue respectivement pour 2026 et 2028. Pourquoi ces deux poids lourds des télécoms s’accrochent-ils à ces technologies vieillissantes ? Revenons un peu dans le détail sur cette décision qui cache des enjeux économiques et techniques fondamentaux.
Ce que prévoit la prolongation du contrat d’itinérance Free-Orange
Depuis 2012, le contrat d’itinérance permet à Free d’utiliser le réseau mobile 2G/3G d’Orange là où il n’a pas de couverture propre. Ce partenariat, prévu initialement comme provisoire, pourrait donc se prolonger jusqu’à l’arrêt définitif de ces technologies : fin 2026 pour la 2G et fin 2028 pour la 3G.
Cette prolongation, soumise à consultation publique par l’Arcep jusqu’au 3 juillet, comprend plusieurs conditions strictes : Free devra limiter le trafic data en itinérance à seulement 1 % de son volume total. Les débits seraient également bridés à 384 kbit/s, tandis que la capacité d’interconnexion entre les réseaux des deux opérateurs serait plafonnée.
Pour Orange, malgré une baisse significative des revenus issus de cet accord par rapport aux premières années (400 à 500 millions d’euros en 2015), il reste financièrement pertinent. L’opérateur historique s’assure ainsi d’une source régulière de revenus supplémentaires.
Pourquoi cette prolongation est vitale pour Free et Orange ?
Pour Free, l’enjeu majeur de cette prolongation réside dans l’optimisation de ses investissements. Xavier Niel et son équipe préfèrent concentrer leurs ressources sur les technologies modernes (4G et 5G), plus porteuses en termes d’innovation et de qualité de service. En s’appuyant temporairement sur le réseau d’Orange, Free peut éteindre progressivement ses propres antennes 3G et réallouer ces précieuses fréquences aux réseaux 4G et 5G. Ce choix stratégique permet à l’opérateur de renforcer sa couverture et d’améliorer ses services sans gaspiller ses ressources dans des réseaux bientôt obsolètes.
Orange, de son côté, bénéficie financièrement tout en utilisant un réseau qui lui coûte peu, étant déjà amorti. Même si les sommes versées par Free sont désormais modestes par rapport au début, elles représentent toujours une opportunité économique non négligeable.
Cependant, cette prolongation n’est pas sans susciter des débats. Elle ravive les tensions concurrentielles, notamment avec Bouygues Telecom, à qui Orange aurait proposé un accord similaire. L’Arcep, régulateur des télécoms en France, devra donc trancher sur une question sensible : est-ce que cette prolongation ne risque-t-elle pas de fausser la concurrence, notamment pour les opérateurs n’ayant pas accès à un tel contrat avantageux ?
Quelles perspectives pour l’avenir ?
Si l’Arcep valide cette prolongation du contrat d’itinérance Free-Orange, cela pourrait créer un précédent important dans le secteur, influençant les stratégies futures de partage de réseau. Une question essentielle reste posée : jusqu’à quel point les autorités accepteront-elles de telles prolongations, qui pourraient ralentir le développement complet des infrastructures modernes ? L’avenir du paysage télécom français dépendra largement de ces décisions structurantes.