Lancée en juillet 2025, la nouvelle version de l’outil cartographique « Mon réseau mobile » de l’Arcep marque une étape importante dans la transparence sur la couverture mobile en France. Loin d’une simple refonte esthétique, ce portail vise à offrir aux citoyens, collectivités et professionnels une vision plus claire, plus complète et plus utile de la réalité des réseaux mobiles.
Depuis sa première mise en ligne en 2017, « Mon réseau mobile » s’est imposé comme l’un des outils publics les plus consultés pour vérifier la couverture des opérateurs. En 2025, l’Arcep répond à une attente forte : celle d’un service plus ergonomique, plus interactif et surtout plus fidèle à l’expérience vécue par les usagers sur le terrain.
Une interface retravaillée, des fonctionnalités enrichies.
Fruit de consultations, d’ateliers et d’une version bêta testée par les utilisateurs fin 2024, la nouvelle mouture de l’outil intègre plusieurs évolutions majeures. Outre une navigation simplifiée sur mobile comme sur desktop, les utilisateurs peuvent désormais accéder à :
- Quatre niveaux de couverture pour l’internet mobile 4G, allant de l’absence de service à une couverture optimale.
- Des cartes interactives mises à jour chaque trimestre.
- Des tests de qualité (visionnage vidéo, navigation web) agrégés par opérateur.
- Des outils avancés de mesure, de recherche par adresse et d’export PNG pour les usagers plus techniques.
Autre nouveauté saluée : l’ajout de données sur les antennes en panne ou en maintenance, actualisées quotidiennement, ainsi qu’un fond de plan satellite pour une meilleure lisibilité territoriale.
Une meilleure prise de décision pour les usagers… et les collectivités.
Cette nouvelle version ne vise pas seulement l’amélioration de l’expérience utilisateur. Elle a un rôle stratégique : en mettant en lumière les disparités de couverture, elle pousse les opérateurs à s’améliorer et aide les collectivités à faire valoir leurs besoins dans le cadre du New Deal Mobile.
Depuis 2018, ce programme impose aux opérateurs de couvrir certaines zones ciblées dans un délai de 24 mois. L’outil « Mon réseau mobile » permet justement de visualiser ces futures zones de couverture.
Pour les élus locaux, urbanistes, entreprises ou simples habitants, cette transparence renforce leur capacité d’action. Les statistiques locales, accessibles pour chaque zone, donnent des arguments concrets pour demander des améliorations de service ou prioriser des investissements.
Une régulation par la donnée renforcée.
L’Arcep s’inscrit ici dans une logique claire de « régulation par la donnée ». En mettant à disposition des informations précises et vérifiées, elle outille les citoyens tout en créant une pression saine sur les opérateurs. Les campagnes de terrain, effectuées sur 5 % du territoire, ont permis de valider la fiabilité des nouvelles cartes, tout en identifiant les marges de progression.
Résultat : les premières cartes enrichies montrent une couverture généralement satisfaisante à l’échelle nationale, mais encore des écarts importants selon les territoires et les niveaux de service attendus. Notamment, certaines zones n’atteignent toujours pas le seuil de 98 % de couverture pour le niveau « très bonne qualité ».
Une dynamique d’amélioration continue.
Cette version ne constitue pas un aboutissement, mais une étape. L’Arcep entend poursuivre l’enrichissement des données, en s’appuyant sur des remontées d’utilisateurs, sur des outils comme « J’alerte l’Arcep » ou encore sur l’intégration de données issues d’applications de crowdsourcing. L’objectif : refléter au plus juste la réalité vécue par les usagers et détecter les signaux faibles d’une éventuelle dégradation de service.
Les outils développés dans le cadre de la stratégie « Ambition 2030 » s’articulent ainsi : transparence, participation citoyenne, amélioration continue. Une démarche inédite à l’échelle européenne, qui mérite d’être saluée tout en restant vigilants sur sa pérennité et son impact réel sur le terrain.
Quelle suite pour la cartographie mobile ?
À l’heure où les usages explosent – streaming, télétravail, cloud gaming – et où les zones rurales réclament l’équité d’accès, ce type d’outil devient fondamental. Reste à savoir comment l’Arcep et les opérateurs feront évoluer leurs engagements, notamment face aux exigences environnementales croissantes ou à l’arrivée de nouvelles technologies comme la 5G SA.
Enfin, la transparence apportée par « Mon réseau mobile » pourrait, à terme, inspirer d’autres secteurs du numérique : couverture fibre, débits réels, empreinte carbone des réseaux… La donnée citoyenne est plus que jamais un levier de transformation et de responsabilisation.