Free a reçu plus de 900 autorisations pour utiliser la bande des 900 MHz en 4G. Jusqu’ici utilisée pour la 3G (et la 2G pour les autres opérateurs), cette bande pourrait bientôt changer de rôle. En pleine transition vers la 5G, l’opérateur cherche à optimiser ses ressources fréquentielles et son maillage réseau. Un choix technique qui en cache d’autres, avec des conséquences concrètes pour la qualité de service mobile, la stratégie fréquentielle nationale et l’évolution du paysage des télécoms en France.
Concrètement, plus de 900 autorisations déposées
Depuis mars 2025, Free accumule les autorisations pour déployer la 4G dans la bande 900 MHz. En juin seulement , plus de 600 demandes ont été validées par l’ANFR, portant le total à 923. Free devient de fait le seul opérateur à s’investir massivement sur cette fréquence en 4G. Orange a timidement testé avec 4 autorisations, mais sans mouvement d’ampleur.
La bande 900 MHz était jusqu’ici réservée à la 2G et 3G. Free, n’ayant jamais déployé de 2G, l’utilise uniquement pour la 3G. Mais avec la fin programmée de ces deux technologies, les fréquences deviennent réutilisables librement pour la 4G (voire plus tard pour la 5G NR).
Cette dynamique de réutilisation fréquentielle, appelée aussi « refarming », s’inscrit dans une stratégie globale d’optimisation du spectre. Elle permet aux opérateurs de maximiser l’efficacité de leurs investissements réseau tout en répondant aux exigences croissantes des usagers en débit, stabilité et couverture.
Pourquoi ce choix est stratégique pour Free ?
Meilleure couverture indoor
La bande 900 MHz est basse fréquence : elle pénètre mieux dans les bâtiments que les bandes 1800 ou 2600 MHz. En réutilisant cette bande pour la 4G, Free peut renforcer significativement la qualité de réception à l’intérieur des logements et locaux professionnels. Cela est particulièrement utile dans les zones semi-urbaines ou rurales, où les murs et les distances dégradent la qualité du signal.
Désengorger les bandes mixtes 4G/5G
Chez Free, la bande 700 MHz sert à la fois à la 4G et à la 5G (NSA). En libérant cette bande pour l’utilisation exclusive de la 5G, l’opérateur pourrait améliorer les débits, la stabilité et les temps de latence pour ses abonnés mobile. C’est un pas de plus vers une 5G plus « pure » ou Standalone (SA), capable d’activer des services à valeur ajoutée comme la voix sur 5G (VoNR), les tranches de réseau dédiées (network slicing) ou l’Internet des objets critique.
Rationalisation du spectre
Comme les autres opérateurs, Free s’engage progressivement dans l’arrêt de la 3G, prévu d’ici 2028. La bascule du 900 MHz en 4G permet de ne pas laisser ces fréquences dormantes, tout en renforçant l’homogénéité de l’expérience utilisateur sur l’ensemble du territoire. Ce rééquilibrage fréquentiel devrait aussi améliorer les coûts d’exploitation du réseau, en concentrant les efforts sur moins de technologies à entretenir.
Une anticipation technique silencieuse
Free n’a pas encore activé officiellement ces antennes. Mais le volume d’autorisations déposées entre mars et juin laisse penser à une stratégie bien orchestrée : préparer le terrain en amont pour pouvoir activer rapidement des centaines de sites dès que les tests sont concluants. Cela témoigne d’une approche proactive de l’ingénierie réseau, propre à Free, souvent pionnier dans le déploiement de technologies mobiles (comme la 700 MHz dès 2016).
Une architecture réseau plus modulaire ?
On est clairement dans une tendance plus large dans les télécoms : la reconfiguration dynamique des fréquences. Au lieu de cloisonner les technologies (2G, 3G, 4G, 5G), les opérateurs les adaptent aux usages réels, aux contraintes économiques et aux nouveaux services à venir (IoT, V2X, edge computing…).
Free, qui a toujours adopté une approche agile et offensive de l’ingénierie réseau, semble ici préparer un nouveau palier d’optimisation. L’intégration future d’une gestion logicielle des réseaux (via le cloud natif, les cœurs virtualisés, les API ouvertes) pourrait bénéficier directement de cette stratégie de spectre assoupli.
Reste à voir si les activations 4G 900 MHz se concrétiseront dès l’été 2025. Une surveillance des données ANFR et des retours utilisateurs permettra de confirmer les premiers déploiements effectifs.