Après plus de quinze ans de bons et loyaux services, le réseau communautaire FreeWifi s’apprête à tirer sa révérence. Dans un message discret envoyé à certains abonnés, Free a confirmé l’arrêt définitif du service FreeWiFi au 1er octobre 2025. Cette décision marque la fin d’un dispositif pionnier, né à une époque où l’accès Internet mobile n’était ni omniprésent ni abordable. Aujourd’hui, la montée en puissance de la 4G, de la 5G et des appels Wi-Fi rend ce service obsolète (alors que sa mort est annoncée depuis 2021)… mais pas sans une pointe de nostalgie.
Une fermeture annoncée.
Free a notifié ses abonnés via un message intégré à la facturation mobile et accessible sur l’espace client. Le ton est clair :
« Le service FreeWifi sera arrêté à compter du 1er octobre 2025. Face à l’évolution des usages numériques et de nos infrastructures, le service FreeWifi est devenu obsolète. »
Autrement dit, l’opérateur ne voit plus l’intérêt de maintenir une infrastructure qui reposait sur le partage de connexion entre box d’abonnés. À l’époque, cette innovation permettait à n’importe quel freenaute de se connecter gratuitement à Internet via les Freebox des autres, grâce à un identifiant dédié. C’était une réponse ingénieuse à la fracture numérique… mais c’était avant la démocratisation du très haut débit mobile.
Pourquoi FreeWifi disparaît-il ?
La fin de FreeWifi s’explique par trois raisons principales :
La disparition progressive de la 3G et l’essor de la 4G/5G.
Lorsque FreeWifi a vu le jour à la fin des années 2000, le paysage mobile français était radicalement différent. La couverture 3G, encore en déploiement, peinait à atteindre les zones rurales et périurbaines. Les abonnés devaient composer avec des débits très variables, souvent insuffisants pour un usage intensif d’Internet mobile. Dans ce contexte, FreeWifi apparaissait comme une véritable bouée de sauvetage, offrant un accès haut débit via les Freebox voisines, bien plus stable que le réseau cellulaire disponible.
Mais en quinze ans, la situation a changé du tout au tout. La 4G a atteint plus de 99 % de la population et garantit des vitesses largement supérieures, souvent comprises entre 30 et 150 Mb/s selon les zones. Quant à la 5G, elle progresse rapidement, notamment dans les grandes agglomérations et les zones denses, offrant des débits théoriques qui dépassent déjà ceux que FreeWifi pouvait proposer. Cette montée en puissance technologique rend aujourd’hui le recours à un réseau communautaire Wi-Fi beaucoup moins pertinent, tant en termes de performance que de disponibilité.
L’explosion des appels Wi-Fi et de la téléphonie IP.
À l’époque du lancement de FreeWifi, les communications mobiles dépendaient presque exclusivement des réseaux cellulaires. Un signal faible à l’intérieur d’un bâtiment signifiait souvent une conversation hachée ou interrompue. Aujourd’hui, cette problématique est en grande partie résolue par les appels Wi-Fi (VoWiFi), une technologie intégrée à la plupart des smartphones récents. Elle permet en outre de passer et recevoir des appels via n’importe quelle connexion Internet — qu’il s’agisse d’une box domestique, d’un hotspot public ou même d’un partage de connexion.
La VoWiFi ne se limite pas à la voix : elle prend également en charge les SMS/MMS, offrant une continuité de service même en l’absence totale de signal mobile. Couplée à la téléphonie IP (applications comme WhatsApp, Signal, Skype ou Teams), elle a largement réduit l’intérêt d’un réseau Wi-Fi communautaire dédié comme FreeWifi. Les utilisateurs disposent désormais, dans leur poche, de solutions plus performantes, universelles et transparentes d’utilisation.
La simplification des infrastructures chez Free.
Maintenir en service FreeWifi impliquait de gérer une infrastructure invisible mais exigeante : sécurisation des accès, authentification des utilisateurs, gestion des plages de bande passante réservées, mises à jour logicielles régulières et traitement des éventuelles failles de sécurité. À mesure que son usage diminuait, ce dispositif représentait un coût d’exploitation disproportionné par rapport au bénéfice réel pour les abonnés.
En choisissant de mettre un terme à FreeWifi, Free poursuit une politique de rationalisation de ses services. Les ressources techniques et financières ainsi libérées peuvent être réinvesties dans des projets à forte valeur ajoutée : le déploiement massif de la fibre optique, le développement de la 5G Standalone (SA), ou encore la montée en puissance d’offres professionnelles telles que le SD-WAN et les solutions de téléphonie unifiée comme Coms Pro. L’opérateur s’aligne ainsi sur une tendance observée dans l’ensemble du secteur : privilégier les infrastructures pérennes, performantes et évolutives plutôt que maintenir en vie des technologies en fin de cycle.
Un service historique.
Lancé à la fin des années 2000, FreeWifi fut l’un des premiers réseaux communautaires en France. Les abonnés partageaient une partie de leur bande passante en échange d’un accès illimité au réseau FreeWifi, où qu’ils soient.
À une époque où les forfaits data étaient chers et limités (souvent à 50 Mo par mois chez certains opérateurs), cette innovation représentait une bouffée d’oxygène pour les utilisateurs nomades.
FreeWifi a aussi marqué une rupture stratégique : il montrait qu’un opérateur pouvait s’appuyer sur sa communauté d’abonnés pour créer un réseau national… sans déployer de nouvelles infrastructures coûteuses.
Quelles alternatives aujourd’hui ?
Pour les abonnés qui comptaient encore sur FreeWifi, Free recommande :
- Les appels Wi-Fi pour compenser un signal mobile faible à domicile.
- La 4G et la 5G pour la connectivité nomade.
- Les hotspots publics (cafés, gares, bibliothèques) pour un usage ponctuel.
Les freenautes peuvent aussi configurer leur smartphone en point d’accès mobile pour partager leur connexion avec un ordinateur ou une tablette.
Et ailleurs ?
La France n’est pas seule à tourner la page. BT au Royaume-Uni ou Fon à l’international ont également réduit ou abandonné leurs réseaux Wi-Fi communautaires au profit des réseaux mobiles. La logique est identique : coûts d’exploitation élevés, usage en baisse, alternatives plus performantes.
Une page se tourne donc ..
L’arrêt de FreeWifi en octobre 2025 n’est pas qu’une simple décision technique. C’est la fin d’une innovation communautaire qui a marqué l’histoire du haut débit en France.
Pour Free, cette fermeture illustre un virage assumé vers la simplification et la modernisation de ses services. Pour les freenautes, c’est surtout la confirmation que l’ère du Wi-Fi public partagé est révolue, remplacée par la promesse d’un Internet plus rapide, plus fiable, et toujours connecté, où qu’on se trouve.