En l’espace de quelques jours, les abonnés freebox ont vu une chaîne bien connue disparaître de leur zapliste : DAZN. Logée jusqu’alors sur le canal 37, la plateforme de streaming sportif laisse place à Ligue 1+, nouvelle vitrine audiovisuelle de la Ligue de Football Professionnel. Un changement qui dépasse la simple redistribution de canaux : il interroge l’avenir des services OTT dans les interfaces des box opérateurs.
Ce qu’il faut retenir de l’éviction de DAZN.
DAZN n’apparaît plus dans l’environnement natif de Freebox TV, ni via l’interface Oqee. Le canal 37, qui diffusait les programmes DAZN (notamment la Ligue 1 et la Serie A), a été réattribué à Ligue 1+, une nouvelle chaîne institutionnelle pilotée par la LFP et lancée mi-août. Pour les abonnés DAZN, cela signifie qu’il faut désormais accéder à la plateforme via l’application disponible sur le Player Free 4K (Pop ou Ultra), ou via les stores d’applications sur Révolution ou Delta.
Cette évolution intervient à un moment particulièrement délicat pour DAZN, qui cherche à élargir son audience en France. Sa perte de visibilité sur un canal de la zapliste pourrait bien avoir quelques conséquences et ralentir cette dynamique.
Free réorganise son écosystème audiovisuel.
Le retrait de DAZN ne relève pas du simple bug technique : il reflète une logique de priorisation éditoriale. Free accorde désormais une place centrale à la Ligue 1+, probablement dans un cadre contractuel plus favorable avec la LFP. En optant pour un accès uniquement via appli, Free segmente plus clairement les services linéaires (TV classique) et les services OTT (accès à la demande).
Ce choix a aussi un effet secondaire : il complexifie l’accès pour certains utilisateurs moins à l’aise avec la navigation via application. Pour DAZN, la perte du canal 37 implique une baisse potentielle de consultations fortuites — un désavantage certain dans la bataille de l’attention.
Une friction de plus dans l’expérience utilisateur.
Certains abonnés Free ont même signalé l’impossibilité de trouver DAZN sur leur interface, l’application ayant temporairement disparu du store. Même si le bug a été corrigé, il souligne la vulnérabilité des plateformes OTT face à l’environnement applicatif des box, souvent opaque et contrôlé par les opérateurs.
Ce genre de friction technique est symptomatique d’un rapport de force en train de s’inverser : les opérateurs box ne sont plus seulement des tuyaux, mais aussi des curateurs de contenus.
Ligue 1+ : vitrine ou verrou ?
Avec Ligue 1+, la LFP prend le contrôle de sa diffusion et offre un produit institutionnel, gratuit et éditorialisé. Pour Free, c’est une opportunité de simplification : pas d’accord de redistribution complexe, une offre grand public claire, et une meilleure maîtrise du canal.
Mais cette bascule a un coût pour la diversité des contenus : DAZN proposait aussi la Serie A, la Bundesliga et d’autres contenus premium. Son retrait de la zapliste réduit l’exposition de ces compétitions aux abonnés Freebox. Cela pose tout simplement la question de la « découvrabilité » des contenus en dehors de la logique linéaire.
Au final, quel modèle pour les services OTT dans l’univers des box ?
Ce cas illustre un problème plus vaste : l’absence de standardisation ou de neutralité dans l’accessibilité des applications sur les box opérateurs. Free, comme d’autres, privilégie des accords directs ou des chaînes maison. Cela limite la concurrence entre services et rend difficile la pérennité d’acteurs OTT comme DAZN, Molotov ou Apple TV+ sans visibilité dans les interfaces natives.
À l’inverse, le développement des smart TV et des assistants vocaux pourrait redonner du pouvoir aux plateformes en réduisant la dépendance aux box. Mais en 2025, plus de 50 % des Français utilisent encore une box comme interface principale.
Un avertissement de taille pour DAZN (et les autres)
La disparition de DAZN de la zapliste Freebox est un signal faible mais puissant. Elle révèle que dans l’univers des box TV, la bataille ne se joue pas seulement sur le contenu, mais aussi sur l’emplacement, l’ergonomie et les accords de distribution. Pour Free, c’est un recentrage éditorial assumé. Pour DAZN, c’est une alerte : sans canal fixe, il faut redoubler d’efforts pour exister. Pour les abonnés, c’est surtout un rappel : dans un monde où tout est accessible, encore faut-il savoir où cliquer.