La possible cession de SFR par Altice agite le secteur des télécoms, y compris du côté de chez Free. Alors que la rumeur enfle et que les prétendants se profilent, Free, via sa maison mère iliad, choisit une posture mesurée. À l’occasion des résultats trimestriels du groupe, Thomas Reynaud, directeur général, a esquissé une réponse prudente, sans fermer la porte à une opération qui pourrait rebattre les cartes du marché.
Free observe, sans s’engager (encore)
Depuis que la presse économique évoque une potentielle mise en vente de SFR par Altice, les regards se tournent vers les trois autres opérateurs majeurs du marché français. Free, par la voix de Thomas Reynaud, affirme suivre le dossier « avec pragmatisme ».
Lors de la présentation des résultats du premier trimestre 2025, le DG d’iliad a laissé entendre que si une consolidation permettait « de diffuser [le] modèle [de Free] à plus de Français », alors le groupe serait « au rendez-vous ». Mais sans s’emballer : aucun signal clair d’offensive, aucune annonce, et surtout, une volonté de ne pas créer une surenchère favorable à Patrick Drahi, propriétaire de SFR, connu pour maximiser la valeur de ses actifs à l’approche d’une cession.
Consolidation ou déconsolidation du marché télécom ?
La déclaration prudente de Free n’est pas anodine. Dans un secteur historiquement concentré, la perspective d’un rachat de SFR — numéro 2 sur certains segments comme le B2B — soulève des enjeux de concurrence majeurs. Orange, trop dominant pour être à la manœuvre, s’est déjà exclu d’un rachat global, mais se dit ouvert à récupérer « quelques morceaux ». Bouygues Telecom, de son côté, reste dans la course et pourrait être un rival direct ou un partenaire de circonstance pour Free.
Pour iliad, l’enjeu est double : étendre sa part de marché sans compromettre sa stratégie de différenciation fondée sur des offres claires, sans engagement, à prix juste. Un rachat partiel ou structuré de SFR permettrait à Free d’augmenter sa base clients et de muscler ses infrastructures — notamment en fibre — sans enfreindre les règles de l’Autorité de la concurrence.
De nouveaux équilibres à venir ?
La cession de SFR pourrait profondément modifier l’équilibre du marché télécom français. Un démantèlement du groupe de Patrick Drahi serait inédit. Les acteurs comme Free, Bouygues Telecom et dans une moindre mesure Orange, pourraient chacun récupérer une partie des fréquences, des clients, voire des actifs techniques.
Mais un tel mouvement supposerait un feu vert complexe à obtenir, avec l’Arcep, l’Autorité de la concurrence et probablement un regard attentif de Bruxelles. Et dans un contexte où les infrastructures (fibre, 5G) sont au cœur des investissements, un mouvement précipité pourrait s’avérer risqué.
Les mois à venir seront donc cruciaux. Et si Free reste pragmatique, c’est sans doute pour mieux surprendre.