L’opération tant redoutée par certains et attendue par d’autres est en marche : SFR pourrait être cédé, en partie ou en totalité. Au cœur du dispositif, une éventuelle scission entre infrastructures réseaux et activités commerciales attire déjà l’attention des plus grands fonds d’investissement, déjà très actifs dans les télécoms. Ce nouvel épisode pourrait redéfinir l’équilibre du marché français et relancer le débat sur la souveraineté numérique.
Une scission très convoitée
D’après plusieurs sources industrielles, dont BFM Business, SFR pourrait être divisé en deux entités : d’un côté les infrastructures réseaux (tours, fibre, datacenters), de l’autre les activités commerciales (abonnés, marques, offres). Le scénario répond à une logique financière claire : attirer des investisseurs attirés par des actifs tangibles et rentables.
Le français Ardian et l’américain KKR figurent parmi les prétendants. Ardian, déjà présent dans TDF et Adamo, pourrait faire une offre dès l’été, en binôme avec un autre acteur français. De son côté, Altice prévoit aussi de céder 50,1 % de XpFibre, sa filiale fibre (ex-SFR FTTH), valorisée autour de 8 milliards d’euros.
Infrastructures, rentabilité et souveraineté.
La ruée actuelle s’explique par l’attractivité croissante des infrastructures télécoms. Longtemps perçues comme des charges, elles sont devenues des actifs stratégiques, avec des revenus récurrents issus de baux longue durée, indexés sur l’inflation. L’exploitation de ces actifs par des tiers non-opérateurs, comme des fonds, n’est plus taboue, tant que la gestion reste neutre et efficace.
Mais cette dynamique pose aussi une question centrale : celle de la souveraineté numérique. Qui détient les clés physiques de notre connectivité ? La vente d’une partie de XpFibre à des acteurs étrangers comme KKR pourrait raviver les tensions sur ce point, à l’heure où la France veut réduire sa dépendance technologique.
Un nouvel équilibre du marché ?
Avec la mise en vente de ses infrastructures, Altice joue sa survie financière, mais bouscule aussi les lignes du marché français. Une scission réussie pourrait inspirer d’autres opérateurs européens et renforcer le modèle d’une séparation nette entre réseaux et services. Mais elle repose sur un équilibre fragile : l’efficacité des futures entités dépendra de leur capacité à coopérer durablement.
L’état pourrait bien jouer les arbitres : en favorisant un duo français sur XpFibre, ou en rappelant les lignes rouges d’une politique industrielle. Une chose est certaine : le dossier SFR-Infrastructure est devenu un enjeu de stratégie nationale.