Depuis plusieurs mois, Altice cherche par tous les moyens à réduire son endettement abyssal. En mettant officiellement en vente sa filiale XpFibre, le groupe de Patrick Drahi engage une nouvelle étape d’une vaste restructuration financière. Objectif affiché : valoriser l’actif à hauteur de 8 milliards d’euros et en céder la majorité du capital pour réduire une dette étranglant ses opérations en France.
XpFibre : l’un des joyaux d’Altice mis sur le marché
XpFibre, bras armé de SFR dans les zones peu denses, gère plus de 7 millions de prises fibre dans 6700 communes françaises. Altice souhaite vendre 50,1 % de cette entité, tout en conservant une minorité significative. Aujourd’hui, le groupe ne détient déjà plus que 50,01 % des parts, les 49,99 % restants étant répartis entre OMERS (Canada), Allianz (Allemagne) et Axa IM (France).
La vente permettrait à Altice d’en tirer une enveloppe estimée entre 4 et 5 milliards d’euros en fonction du prix final. Cette somme, ajoutée à d’autres cessions, vise à faire tomber la dette française d’Altice à environ 13 milliards d’euros, contre 25 milliards aujourd’hui.
Quels candidats pour racheter XpFibre ?
Parmi les intéressés, on retrouve KKR, le géant du capital-investissement américain dont Xavier Niel est administrateur. Deux autres fonds sont en lice : Global Infrastructure Partners et le français Ardian Infrastructure. Aucun des actionnaires actuels n’aurait manifesté le souhait de se renforcer au capital. Le futur acquéreur devrait donc devenir majoritaire, tout en devant composer avec Altice et les trois partenaires institutionnels présents.
Une opération risquée ou stratégique ?
Altice avait déjà tenté de vendre XpFibre un an plus tôt, mais les offres reçues étaient inférieures à ses attentes. Aujourd’hui, la hausse des taux d’intérêt, les tensions sur le marché du financement et la concurrence sur le marché de la fibre pourraient peser sur le niveau des propositions.
Cependant, la maîtrise d’un réseau fibre de cette ampleur reste stratégique pour tout investisseur souhaitant s’ancrer durablement dans les infrastructures de télécommunications françaises. La rentabilité à long terme reste jugée séduisante.
Une cession aux conséquences multiples
Cette vente pourrait entraîner une reconfiguration importante du marché, avec un changement de gouvernance sur les zones d’initiative publique (RIP) où XpFibre intervient. Les collectivités locales, partenaires techniques et opérateurs commerciaux devront évaluer les impacts contractuels d’une telle mutation de l’actionnariat.
Elle pose également la question de la pérennité des engagements pris en matière de couverture, de maintenance et de neutralité d’accès aux réseaux. L’Arcep, qui supervise ces déploiements, pourrait être amenée à renforcer son contrôle.
Une sortie par le haut pour Altice ?
Patrick Drahi joue une partie décisive : en réussissant cette vente, il peut réduire la pression financière sur son groupe tout en valorisant l’un de ses actifs les plus solides. Mais les incertitudes restent nombreuses, tant du côté des acheteurs que de la réaction des collectivités.
La question désormais est simple : qui aura les épaules assez solides pour reprendre les clés de XpFibre et garantir la continuité de service dans les territoires ? Réponse d’ici l’été.