Ce mardi 27 mai, la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête visant quatre grandes plateformes pornographiques afin d’assurer la protection des mineurs en ligne : Pornhub, XVideos, XNXX et Stripchat. Accusées de ne pas protéger suffisamment les mineurs, elles pourraient faire face à de lourdes sanctions dans le cadre du Digital Services Act (DSA). Ce texte impose depuis février 2024 des obligations renforcées aux très grandes plateformes, définies comme celles comptant plus de 45 millions d’utilisateurs mensuels dans l’UE.
Des mesures de vérification jugées insuffisantes
Selon la Commission, les systèmes actuels de vérification de l’âge reposent encore sur une simple case à cocher. Cela ne permet en rien de filtrer efficacement l’accès des mineurs. Henna Virkkunen, commissaire chargée de la souveraineté numérique, a rappelé que « permettre aux enfants de naviguer en ligne en toute sécurité est une priorité absolue ». Le chiffre alarmant de l’Arcom – 40% des enfants en France exposés à des contenus pornographiques chaque mois – souligne l’ampleur du problème.
Le DSA, nouveau levier de pression sur les plateformes
Le Digital Services Act, entré en application en 2024, impose aux grandes plateformes une obligation de résultat sur plusieurs fronts : sécurité, protection des mineurs, transparence des algorithmes. En cas de manquement, les sanctions peuvent aller jusqu’à 6% du chiffre d’affaires mondial, voire l’interdiction d’exercer dans l’UE. Stripchat, bien que sur le point de sortir du régime des « très grandes plateformes », reste concernée pendant encore plusieurs mois.
Une question de souveraineté numérique et d’éthique publique
Cette affaire pose une question de fond : qui doit garantir la sécurité des enfants sur Internet ? Si les parents ont une responsabilité directe, l’Europe entend imposer aux entreprises une vigilance technique et juridique proportionnelle à leur poids. L’ouverture d’enquêtes similaires contre TikTok, Meta ou X montre une stratégie de régulation cohérente.
Quelles suites pour les plateformes concernées ?
L’enquête pourrait durer plusieurs mois. Si les violations sont avérées, les sanctions pourraient être exemplaires. La Commission a aussi promis de surveiller les petites plateformes, avec l’aide des autorités nationales. En France, la DGCCRF ou l’Arcom pourraient jouer un rôle accru.
Enjeux à suivre : la généralisation de la vérification d’identité, l’usage de l’IA pour détecter les comptes suspects, et le débat sur les « digital ID » européens. Un terrain où libertés individuelles et protection de l’enfance entrent souvent en tension.