Alors que la télévision numérique terrestre (TNT) vit une transformation décisive, le départ des chaînes payantes du groupe Canal+ ouvre un nouveau chapitre. L’Arcom, en charge de la régulation du paysage audiovisuel, anticipe cette évolution avec une démarche proactive : une consultation publique inédite est lancée pour imaginer la TNT gratuite de demain.
Fin des chaînes payantes : une opportunité pour réinventer la TNT
À compter du 6 juin 2025, quatre chaînes payantes — Canal+, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Planète+ — cesseront leur diffusion sur la TNT. Ce retrait, entériné par le groupe Vivendi, libère plusieurs fréquences précieuses. La TNT gratuite permettra à l’Arcom d’explorer comment tirer parti de cette ressource pour redynamiser l’offre hertzienne dans un écosystème dominé par les services de streaming ?
Le 30 avril 2025, l’Arcom a ainsi ouvert une consultation publique. Tous les acteurs — diffuseurs, producteurs, collectivités, citoyens — sont invités à s’exprimer avant le 13 juin. Objectif : définir collectivement les usages futurs de ces fréquences libérées dans le cadre de la TNT gratuite.
Une obligation légale de réévaluation
Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une obligation juridique. En effet, le Conseil d’État, dans une décision rendue le 19 février 2025, a rappelé à l’Arcom ses responsabilités définies à l’article 31 de la loi du 30 septembre 1986. L’Autorité doit notamment mener une étude d’impact sur la situation économique du secteur, préalable à tout nouvel appel à candidatures. À défaut, la procédure peut être suspendue pour deux ans, renouvelables une fois.
Trois scénarios à l’étude : plus de gratuité, plus de qualité, plus de mobilité
L’Arcom propose trois scénarios concrets pour réutiliser les fréquences libérées.
Premièrement, elle envisage de lancer de nouveaux services gratuits. Ces chaînes nationales diversifieraient l’offre actuelle et favoriseraient la proximité éditoriale sous le concept de TNT gratuite. Elles pourraient également répondre aux attentes d’un public en quête de contenus accessibles et variés.
Deuxièmement, le régulateur propose d’améliorer la qualité de diffusion des chaînes existantes. La double diffusion permettrait une transition vers la 4K ou le HDR. Les téléspectateurs bénéficieraient ainsi d’une meilleure expérience visuelle sans changer de canal. Cette évolution technique renforcerait l’attractivité de la TNT face aux plateformes de streaming.
Troisièmement, l’Arcom étudie le déploiement de la 5G Broadcast. Cette technologie permettrait de recevoir la télévision sur mobile sans utiliser de données mobiles. Elle offrirait une nouvelle forme de consommation en mobilité, indépendante du réseau Internet classique.
Enfin, ces options ne s’excluent pas mutuellement. L’Arcom pourrait les combiner pour construire un modèle hybride et innovant de diffusion hertzienne.
La TNT payante, un modèle en déclin
Depuis plus d’une décennie, la TNT payante montre des signes d’essoufflement. Les appels à candidatures lancés en 2018 et 2024 n’ont suscité que peu d’intérêt. Le départ de Canal+ ne fait que confirmer cette tendance. Dès juin 2025, seule Paris Première restera diffusée en mode payant.
Ce repli marque une nouvelle ère pour la TNT. Plébiscitée à ses débuts pour sa simplicité d’accès et sa couverture nationale, elle doit désormais se réinventer face à la montée en puissance des plateformes numériques. L’avenir passe donc par une TNT gratuite, modernisée, ouverte à de nouveaux usages et à une meilleure qualité d’image.
Une transformation guidée par l’innovation et l’inclusivité
La consultation publique lancée par l’Arcom est plus qu’un exercice réglementaire. Elle reflète une volonté de co-construction d’un service audiovisuel universel, gratuit et résolument tourné vers l’avenir. Cette transformation pourrait faire de la TNT un vecteur d’innovation technologique (4K, 5G Broadcast), mais aussi un levier de diversité culturelle et de cohésion territoriale.
Reste désormais à voir si les acteurs répondront présents pour proposer une nouvelle vision d’un service télévisuel à la française, gratuit, inclusif et adapté aux usages du XXIe siècle.