Alors que les droits de diffusion de la Ligue 1 ont longtemps été sources de confusion, de déceptions et de batailles judiciaires, la LFP reprend la main. Le lancement de Ligue 1+, sa plateforme propriétaire, marque un tournant décisif : pour la première fois, une ligue européenne majeure prend le pari d’opérer elle-même un service OTT à grande échelle. En ligne de mire : un million d’abonnés d’ici fin de saison, grâce à une stratégie multicanale pensée pour toucher tous les publics, sur tous les écrans. Cette initiative Ligue 1+ et sa stratégie multicanale sont conçues pour révolutionner l’accès et l’expérience des fans.
Une chaîne, plusieurs formats, tous les écrans.
Le choix du nom « Ligue 1+ » illustre d’emblée une volonté : se positionner dans la continuité des grandes plateformes numériques (Disney+, TF1+, etc.), tout en affirmant une identité forte. Ce n’est pas seulement une chaîne, c’est un écosystème complet :
- Une diffusion linéaire avec des rendez-vous réguliers, des consultants renommés, et une couverture homogène de tous les matchs.
- Une plateforme digitale accessible depuis le web, les mobiles, les TV connectées et bientôt les consoles.
- Une déclinaison par offres tarifaires : abonnement avec ou sans engagement, offre mobile, tarif -26 ans…
- Une offre éditoriale enrichie : documentaires, e-sport, contenus jeunesse, making-of…
Ce découpage permet à la LFP de s’adresser à des segments précis : familles, jeunes urbains, amateurs de gaming, passionnés d’analyse…
La distribution : un enjeu d’accessibilité et de crédibilité.
Côté distribution, la stratégie est claire : être présent partout. Outre la plateforme propriétaire, des accords ont été passés avec Orange et Bouygues Telecom, et d’autres opérateurs comme Free et SFR devraient suivre. Cette hybridation permet d’atteindre les fans via leurs bouquets classiques ou directement via l’OTT, selon leur profil tech.
Ce choix répond aussi à une attente des clubs et des fans : mettre fin aux errances post-Mediapro en garantissant une expérience stable, accessible et fiable. En donnant la priorité à l’accessibilité technique (app web, mobile, TV, consoles), la LFP tente de combler le retard pris sur des acteurs comme Amazon Prime Video ou DAZN.
Vers un modèle Mediawan du sport ?
La logique n’est pas sans rappeler celle de Mediawan, le groupe fondé par Xavier Niel, qui allie production de contenus, maîtrise de la distribution et création de marques fortes. Ici, la LFP devient producteur, diffuseur et éditeur de ses propres contenus. Une verticalisation assumée, qui ouvre la voie à de nouveaux formats narratifs (séries immersives, portraits, archives exclusives).La promesse : reconnecter les fans à leur championnat, dans un format plus proche de leurs usages numériques.
Une plateforme, mille défis.
La stratégie est ambitieuse, mais les obstacles sont nombreux :
- Techniquement, le lancement sur autant de canaux simultanés exige une infrastructure solide, notamment en période de pic d’audience.
- Éditorialement, il faudra produire suffisamment de contenus originaux pour retenir les abonnés entre les matchs.
- Commercialement, atteindre un million d’abonnés nécessite des campagnes marketing puissantes et ciblées.
Mais en contrôlant les coûts, les formats et la relation client, la LFP reprend un pouvoir que les ligues avaient longtemps délégué aux diffuseurs.
Un système de souveraineté sportive à la française à mettre en oeuvre ?
Le lancement de Ligue 1+ n’est pas seulement un projet média. Il s’agit d’un signal stratégique, dans une ère où les acteurs du sport cherchent à devenir leurs propres plateformes. À l’image des clubs qui deviennent des marques, les ligues veulent devenir des studios. Si la promesse technique et éditoriale est tenue, Ligue 1+ pourrait devenir un modèle pour d’autres disciplines, en France comme en Europe.
Reste à savoir si les fans répondront présents. Le match ne fait que commencer.