Face à la pression croissante du régulateur sur la couverture mobile des zones mal desservies, Free assure qu’il tiendra ses engagements dans le cadre du New Deal Mobile. L’opérateur, mis en demeure par l’Arcep en février 2025, affirme qu’il activera les 36 sites dont il a la charge d’ici l’échéance légale. Décryptage d’un dossier technique et politique pour le secteur.
L’Arcep serre la vis : Free accélère pour tenir ses engagements dans le New Deal Mobile
Le 18 février 2025, l’Arcep a mis en demeure plusieurs opérateurs, dont Free, pour avoir pris du retard dans leurs obligations de couverture mobile, fixées par le New Deal Mobile. Ce plan, lancé en 2018, impose un calendrier strict aux opérateurs pour renforcer la couverture 4G dans les zones rurales mal desservies, appelées zones blanches.
Dans le dossier de Free, le régulateur a reproché à l’opérateur de ne pas avoir activé les 36 sites dont il assure la maîtrise d’œuvre, alors que leur mise en service doit intervenir au plus tard le 4 août 2025. L’Arcep justifie sa mise en demeure en soulignant un ralentissement généralisé des installations sur le terrain, observé depuis plusieurs mois. Free n’est pas seul visé : Orange, Bouygues Telecom et SFR font face aux mêmes critiques.
Free rassure et détaille sa stratégie de déploiement
En réponse, Free a fourni un calendrier clair et rassurant. L’opérateur affirme avoir mis en service un premier site dès le début de l’année, bien avant la notification de l’Arcep, et prévoit d’en activer un second en juin. Il prévoit d’allumer les 34 sites restants en juillet, en maintenant une cadence soutenue, mais conforme aux standards industriels.
Free précise également qu’il a déjà sécurisé l’ensemble des emplacements nécessaires. Au 28 octobre 2024, 26 baux étaient déjà signés. Pour les 10 sites restants, les démarches administratives sont en cours, mais l’opérateur les considère comme maîtrisées. Il a aussi finalisé l’ingénierie réseau et préparé la logistique associée : autorisations locales, raccordement électrique, configuration radio.
Face aux obstacles potentiels, Free indique avoir anticipé. En cas de blocage local ou de difficultés d’alimentation, il prévoit d’utiliser des groupes électrogènes ou des liaisons radio temporaires. L’objectif reste clair : respecter l’échéance du 4 août 2025 et prouver sa capacité à tenir ses engagements.
Un enjeu fondamental pour Free et pour les territoires.
Le respect du calendrier du New Deal Mobile ne relève pas uniquement d’un impératif réglementaire. Pour Free, c’est aussi une question d’image, de crédibilité industrielle et d’équilibre commercial. Être au rendez-vous, c’est prouver sa capacité à assumer un rôle d’opérateur d’envergure nationale, y compris dans les zones moins rentables.
Le New Deal Mobile repose en effet sur un principe de mutualisation : les sites installés sont utilisables par tous les opérateurs. Free y trouve donc un double intérêt : étendre sa propre couverture tout en contraignant ses concurrents à des efforts équivalents. Cela renforce également la dynamique de son réseau mobile, l’un des plus jeunes de France, qui doit encore progresser sur certains critères de couverture et de qualité de service.
Du côté des collectivités locales, ces déploiements sont très attendus. L’arrivée d’un nouveau site mobile peut transformer l’accès aux services, booster l’économie locale et favoriser le maintien de populations dans les zones rurales. Ne pas tenir les délais reviendrait à trahir une promesse politique forte — celle d’une France connectée partout et pour tous.
L’Arcep serre la vis, l’État prépare ses arbitrages
Depuis 2018, l’Arcep pilote activement le New Deal Mobile en coordination avec les préfectures, les élus locaux et les opérateurs. En février 2025, elle durcit le ton en mettant plusieurs acteurs en demeure. Déjà en 2024, elle avait sanctionné certains retards par des amendes, illustrant une volonté plus ferme de faire respecter les engagements.
L’État, lui, s’apprête à reprendre la main. Un rapport parlementaire attendu à l’automne doit évaluer l’efficacité du New Deal. Plusieurs sénateurs demandent déjà un renforcement des obligations, voire une refonte complète du dispositif.
De son côté, Free s’emploie à désamorcer les critiques. L’opérateur a pris publiquement position pour réaffirmer son engagement, une stratégie qui vise à dissiper toute accusation de mauvaise foi. Il lui reste désormais à honorer ses promesses dans les délais.
New Deal : vers une saison 2 plus musclée ?
À l’approche de l’échéance d’août, Free multiplie les signaux de transparence pour rassurer à la fois le régulateur et les collectivités. Si l’opérateur respecte ses engagements, il pourra non seulement consolider sa légitimité dans les territoires ruraux, mais aussi peser davantage dans les discussions à venir avec l’État.
Mais l’enjeu dépasse ce seul cas : faut-il faire évoluer le New Deal Mobile ? Doit-il devenir plus ambitieux, plus contraignant ou au contraire plus adaptable ? Alors que l’accès universel à la connectivité reste un objectif national, l’exemple de Free ne représente qu’un maillon d’un débat plus vaste. Une nouvelle étape pourrait bien s’ouvrir à l’automne.