Free Mobile, futur entrant sur le marché de la téléphonie mobile, chercherait à conclure un accord d’itinérance 3G avec un des opérateurs existants sur le secteur. Sa licence ne lui garantit cependant qu’un accord sur le GSM (2G). Et ni Orange, ni SFR, ni Bouygues ne semblent disposés à négocier…
Selon les informations des Echos, Free chercherait à conclure un accord d’itinérance avec un des opérateurs en place, pour compléter son futur réseau 3G. Cela lui permettrait de proposer une offre viable dès son lancement commercial en 2012, alors même que son réseau en propre ne devrait couvrir qu’une petite partie de l’Hexagone : environ 25% de la population, selon ses engagements auprès de l’Arcep (même si rien n’empêche que le déploiement soit plus avancé).
Un accord sur la 3G permettrait à Free Mobile d’assurer une couverture d’ampleur nationale à ses clients dès son lancement, avec un système de bascule sur le réseau d’un opérateur concurrent partout où Free Mobile n’est pas encore présent. Cela permettrait à ses clients de disposer d’une connexion Internet mobile viable aux quatres coins du pays…
Seul petit problème : aucun des trois opérateurs en place n’aurait accepté d’ouvrir des négociations à ce sujet. Si l’accord d’itinérance en 2G est obligatoire et inscrit dans la licence (dès que Free Mobile aura atteint 25% de couverture de la population), rien n’est imposé concernant la 3G. Frank Esser (PDG de SFR) l’a d’ailleurs rappelé, encore tout récemment, dans une interview : « nous discutons uniquement d’une offre d’itinérance de ses abonnés en 2G, comme la loi nous y oblige. Pas en 3G ».
Voilà qui sonne comme un vrai coup dur pour Free Mobile. Cependant, la nouvelle ne serait pas si inquiétante, si on en croit un opérateur qui trace déjà des liens entre le parc d’abonnés ADSL et le futur parc mobile de Free : « la base d’abonnés ADSL de Free est principalement située dans les grandes agglomérations, qui seront couvertes dès 2012 par son réseau 3G ». Pourtant, l’intérêt d’un téléphone mobile n’est-il pas de pouvoir être utilisé en déplacement ?
Chez Free, on espère toujours qu’un opérateur finira par signer un accord juteux, moyennant finances. Un cadre de l’entreprise rappelle que « la 3G, c’est plusieurs dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires par an pour l’opérateur hôte ». Néanmoins, on ne reste pas les bras croisés à attendre et on envisage déjà une autre solution.
Free pourrait donc bien faire appel auprès de l’Arcep. La licence 3G accordée à Free par le régulateur prévoit une clause qui couvre spécifiquement ce type de cas : « Un nouvel entrant […] pourra entrer en négociation avec un acteur 3G/GSM sur lequel il aura porté son choix et aura la possibilité, en cas d’échec des négociations, de saisir l’Arcep en règlement de différend ».
Si la 3G n’est pas directement concernée par ce recours, l’Arcep précise toutefois qu’elle peut se pencher sur « les contrats avec les opérateurs mobiles virtuels ». Or, ces MVNO ont obtenu, de leur côté, un droit d’utilisation des réseaux 3G des opérateurs en place. Selon Les Echos, c’est un argument que Free pourrait parfaitement utiliser pour plaider sa cause auprès de l’Arcep.
Et, en cas d’échec de la procédure, le nouvel entrant pourra toujours tenter de faire appel au Conseil d’Etat, ou à l’Autorité de la Concurrence. Le bras de fer entre les opérateurs ne fait que commencer…
Source : Les Echos