L’Arcep vient de clôturer une enquête administrative sans précédent impliquant Orange et un paramétrage technique discret, mais significatif, baptisé DRX. Ce réglage, qui affichait pour objectif clair d’améliorer artificiellement les performances lors des mesures officielles des appels VoIP via applications OTT, remet en question la fiabilité et la transparence des résultats des campagnes annuelles de l’autorité de régulation. Pourquoi cette affaire suscite-t-elle autant de controverses et quelles sont les conséquences réelles pour Orange et le secteur des télécommunications ?
Affaire DRX : Les faits essentiels révélés par l’Arcep.
Ouverte en septembre 2024, l’enquête menée par l’Arcep révèle une pratique troublante : Orange a utilisé un réglage spécifique du mode DRX (Discontinuous Reception), exclusivement appliqué aux terminaux mobiles utilisés lors des campagnes officielles de mesure de qualité réseau. Concrètement, cette fonctionnalité, destinée normalement à optimiser l’efficacité énergétique des smartphones, était paramétrée de façon à améliorer particulièrement la performance des appels OTT (WhatsApp, Messenger).
Selon l’Arcep, ce paramétrage spécifique ne concernait que les terminaux utilisés pour ses propres tests, ce qui pose un problème majeur de représentativité et d’équité par rapport aux autres opérateurs mobiles, qui n’ont pas appliqué ce genre d’optimisation sélective.
Le résultat immédiat : l’Arcep exclut les résultats relatifs aux appels VoIP OTT pour Orange de son rapport sur la qualité du réseau 2024, une décision sans précédent dans l’histoire de ces campagnes de mesure.
Ce que signifie vraiment le paramétrage DRX d’Orange.
La question centrale dans l’affaire du paramétrage DRX est celle de la confiance et de la transparence. Les mesures de qualité de réseau publiées chaque année par l’Arcep sont censées offrir un aperçu impartial et précis de la performance des opérateurs. En manipulant subtilement le paramétrage DRX uniquement pour les terminaux testés par l’Arcep, Orange met en péril cette impartialité.
Il est important de noter que ce paramétrage particulier n’a pas affecté toutes les mesures. Les débits, la navigation web et le streaming, par exemple, restent totalement fiables, le mode DRX étant naturellement désactivé par l’activité intensive lors de ces tests. En revanche, les appels OTT, très sensibles à la latence initiale et à la stabilité de la connexion, ont clairement bénéficié de cette optimisation, potentiellement faussant le classement de l’opérateur.
Cette pratique soulève une problématique majeure : dans quelle mesure les consommateurs peuvent-ils réellement se fier aux résultats officiels si des opérateurs majeurs comme Orange peuvent appliquer des configurations techniques spécifiques, même à petite échelle ?
Du côté d’Orange, l’opérateur affirme avoir agi en toute bonne foi, expliquant que ces ajustements avaient pour objectif d’améliorer globalement l’expérience utilisateur lors des appels via messagerie instantanée. L’entreprise accepte cependant la décision de l’Arcep et souligne que cette neutralisation ne modifie pas son classement général.
Transparence accrue ok mais quelles futures conséquences pour Orange ?
L’affaire du paramétrage DRX chez Orange représente une véritable secousse dans le monde des télécoms français. En réponse à cette situation, l’Arcep annonce un durcissement significatif des règles de ses campagnes futures : à partir de 2025, tous les opérateurs devront communiquer à l’avance les configurations techniques de leurs réseaux pour prévenir tout risque de manipulation des résultats.
Cette exigence nouvelle de transparence totale pourrait transformer la manière dont les opérateurs mobiles travaillent avec l’Arcep, instaurant potentiellement un climat de coopération plus ouvert mais aussi plus contraignant.
Pour Orange, au-delà de l’impact immédiat (retrait de certains indicateurs en 2024), cette affaire pourrait influencer durablement son image auprès des consommateurs, particulièrement sensibles à la confiance qu’ils placent dans les informations techniques et commerciales fournies par leurs opérateurs.
À moyen terme, l’opérateur pourrait devoir redoubler d’efforts pour restaurer pleinement cette confiance. Cela passera sans doute par davantage de transparence et une stratégie de communication proactive sur ses pratiques techniques.