Le coup d’envoi de la saison 2025-2026 de Ligue 1 sera aussi celui d’un tournant stratégique inédit pour la LFP. Faute d’accord avec les grands diffuseurs, la Ligue de football professionnel a choisi de reprendre la main sur la diffusion de ses propres matchs, en lançant sa propre chaîne. Si la captation des rencontres sera assurée en interne, le reste reste à construire. Et pour cela, la LFP ouvre un appel d’offres structuré en quatre lots, laissant entrevoir une organisation modulaire et multiservices. Une décision qui pourrait rebattre les cartes du marché des médias sportifs… ou tourner au casse-tête.
Une chaîne 100 % LFP : un pari assumé, une mise en œuvre incertaine
Depuis l’échec des négociations avec Canal+ et DAZN, la LFP a fait un choix radical : produire et distribuer elle-même les matchs de Ligue 1 dès la saison 2025-2026. Le 15 août, le nouveau championnat devra donc débuter avec une chaîne flambant neuve, sous maîtrise directe de la Ligue.
Mais cette chaîne ne se limite pas à diffuser les matchs. Comme le révèle L’Équipe, la LFP a lancé un appel d’offres divisé en quatre lots pour externaliser une partie de sa production audiovisuelle :
- Lot 1 : production des magazines et contenus hors matchs.
- Lot 2 : habillage avant et après les matchs, y compris les plateaux et animations.
- Lot 3 : gestion des multiplex pour les journées à horaires simultanés.
- Lot 4 : coordination éditoriale, notamment pour recruter et encadrer les équipes de journalistes, présentateurs et consultants.
Seule certitude à date : la captation brute des matchs (réalisateurs, caméras, régies) restera sous contrôle direct de la LFP. Pour le reste, tout dépendra de la qualité et des coûts des réponses obtenues via l’appel d’offres.
Un modèle de chaîne éclatée, entre audace et risques
La LFP s’engage sur un terrain où peu d’instances sportives ont osé s’aventurer. Si la Premier League vend ses droits à prix d’or à Sky ou Amazon, et que la Serie A reste sous contrat avec DAZN, la Ligue 1 tente l’expérience d’un modèle “OTT maison”, inspiré en partie par l’exemple de la NBA ou de la NFL aux États-Unis.
Mais contrairement à ces mastodontes, la LFP ne dispose ni d’une base d’abonnés installée, ni de l’infrastructure complète pour gérer de bout en bout une chaîne sportive 24h/24. En éclatant la fabrication de sa chaîne en plusieurs blocs, elle cherche une flexibilité contractuelle… qui pourrait virer à l’usine à gaz éditoriale si la coordination échoue.
Un précédent en demi-teinte : Téléfoot (Mediapro)
L’expérience récente de Mediapro, avec la chaîne Téléfoot (2020–2021), reste dans toutes les mémoires : qualité inégale, problèmes de diffusion, abonnements insuffisants, et faillite au bout de quelques mois. Le contexte est certes différent aujourd’hui – la LFP contrôle le projet – mais les risques financiers et techniques sont bien réels.
Ce que cela signifie pour les freenautes (et les autres)
Pour les abonnés Freebox, clients Canal ou SFR, la grande question reste : où pourra-t-on regarder la future chaîne LFP ? La LFP a laissé entendre qu’elle souhaitait un ou plusieurs partenaires distributeurs. Canal+ ? Amazon ? Free ? Rien n’est encore officiel.
Dès lors, deux scénarios s’ouvrent :
- Une chaîne accessible à tous via les box TV et OTT, à l’image de beIN Sports.
- Une diffusion réservée à une application LFP dédiée, ce qui poserait de nombreux problèmes d’accessibilité et de visibilité, surtout auprès du grand public.
Free pourrait tirer son épingle du jeu en se positionnant comme partenaire technique ou distributeur privilégié, à l’image de son accès gratuit à Amazon Prime Ligue 1 en 2021–2023.
Entre ambition éditoriale et inconnues de diffusion
À deux mois du lancement de la saison, la LFP tente une révolution à marche forcée : produire, diffuser et rentabiliser elle-même son championnat phare. L’appel d’offres en quatre lots laisse entrevoir un projet ambitieux mais morcelé, dont la réussite dépendra de la capacité à coordonner plusieurs prestataires, à maîtriser la qualité éditoriale, et surtout à trouver une large distribution.
Le modèle économique reste flou, et l’engagement des fans dépendra en grande partie de la facilité d’accès et du prix. La Ligue 1 version LFP peut-elle séduire sans plateforme puissante derrière elle ? Ou devra-t-elle, elle aussi, revenir vers les géants du secteur pour survivre ? Réponse dès cet été.
Un commentaire
Et bien sûr…. sur tout vos canaux IPTV !!!!