La plateforme de streaming Disney+ franchit un nouveau cap dans la monétisation de ses services. Inspirée par la stratégie payante de Netflix, elle impose désormais des restrictions sur le partage de compte, avec une option payante baptisée « Abonné supplémentaire ». Mais, surprise : les utilisateurs qui accèdent à Disney+ via un abonnement télécom – notamment Free, Orange ou Bouygues – échappent (pour le moment) à cette nouvelle politique. Une situation inégale qui interroge autant qu’elle avantage certains abonnés.
Une nouvelle option de partage, mais réservée aux abonnements Disney+ en direct.
Depuis juin 2025, Disney+ restreint activement le partage de compte hors foyer en France. La plateforme a introduit une nouvelle option, baptisée « Abonné supplémentaire », qui permet à un abonné principal d’ajouter une personne extérieure à son domicile moyennant un supplément mensuel de 4,99 € à 5,99 €, selon la formule choisie (standard ou premium, avec ou sans publicité).
Pour en bénéficier, le co-utilisateur doit remplir plusieurs conditions : être majeur, vivre dans le même pays que le titulaire du compte, ne pas disposer d’un compte Disney+ actif ou récemment supprimé, et se connecter depuis un seul appareil à la fois. En échange, il profite d’un profil personnel, de ses propres identifiants et d’un accès complet au catalogue, sans toutefois pouvoir modifier les paramètres du compte ni gérer l’abonnement.
⚠️ Limitation importante : Disney+ réserve cette option uniquement aux clients qui s’abonnent directement via sa plateforme. En revanche, les utilisateurs qui accèdent à Disney+ par l’intermédiaire de leur fournisseur d’accès à Internet – comme Free (Freebox Pop, Ultra), Orange (Livebox), Bouygues (Bbox) ou SFR – échappent encore à cette restriction, même s’ils partagent leur compte en dehors de leur foyer.
Une stratégie différenciée qui évite d’effrayer les partenaires télécoms.
L’exclusion actuelle des abonnements opérateurs de cette nouvelle politique de partage n’est pas anodine. Elle reflète une approche stratégique pragmatique de Disney+, qui cherche à éviter une rupture avec ses partenaires télécoms. En France, plusieurs millions d’utilisateurs accèdent à Disney+ via leur box internet, souvent dans le cadre d’un bundle ou d’une offre premium comme la Freebox Ultra.
Imposer d’emblée des frais supplémentaires à ces abonnés risquerait de tendre les relations commerciales avec les FAI et de fragiliser un canal d’acquisition très efficace. Disney+ choisit donc une politique à deux vitesses, assumée mais temporaire. La plateforme reste cependant évasive sur la durée de cette exception. Selon son service client, “l’option Abonné supplémentaire est uniquement disponible pour les offres facturées directement par Disney+”, sans mention d’évolution future.
Pour les freenautes : une parenthèse encore ouverte, mais jusqu’à quand ?
Concrètement, les clients Freebox qui bénéficient de Disney+ via leur abonnement ne sont donc pas concernés. Aucun supplément à régler pour partager son compte avec un proche, même s’il réside ailleurs. Un avantage temporaire ? Très probablement.
Le cas de Netflix a montré que les restrictions sur le partage de compte peuvent être étendues progressivement, y compris aux abonnements opérateurs, via des négociations commerciales. L’histoire pourrait donc se répéter : dès que Disney+ aura renforcé sa position sur le marché, il est probable qu’une politique unifiée s’appliquera à tous les accès, y compris ceux des FAI.
À court terme, cette situation profite à des abonnés comme ceux de la Freebox Ultra ou Pop, qui continuent de bénéficier d’un catalogue riche (Disney+, Netflix, Prime Video) sans restriction sur le partage… du moins pour l’instant.
Vers une normalisation du streaming “à la Netflix” ?
En instaurant une monétisation du partage de compte, Disney+ valide un changement structurel du modèle de la SVOD : la croissance passe désormais autant par l’optimisation des revenus par abonné que par l’augmentation du nombre d’utilisateurs. La chasse aux « passagers clandestins » devient un levier prioritaire, notamment dans un contexte de saturation du marché.
Mais l’application sélective de cette politique – en fonction du canal d’abonnement – crée une distorsion entre abonnés, difficilement tenable à long terme. D’un point de vue concurrentiel, cela favorise clairement les offres des FAI, en particulier celles de Free qui mise sur un accès étendu à plusieurs plateformes pour séduire les familles et les technophiles.
La question reste donc ouverte : combien de temps Disney+ maintiendra-t-il ce régime d’exception pour les abonnés box ? Et surtout, à quelles conditions les opérateurs accepteront-ils une extension de ces restrictions à leurs abonnés ?
Le partage de compte, une liberté numérique en voie de disparition ?
Avec l’option « Abonné supplémentaire », Disney+ suit les pas de Netflix, amorçant une nouvelle ère du streaming fondée sur le contrôle et la rentabilité. Mais la plateforme avance avec prudence, en épargnant pour le moment les clients des FAI. Pour les freenautes, c’est l’occasion de profiter encore de la souplesse des offres box… avant un possible durcissement. À terme, la normalisation du partage de compte payant semble inéluctable. Reste à savoir qui aura le dernier mot : les géants du streaming ou les abonnés fidèles à leur liberté d’usage.