Séisme dans le paysage audiovisuel français. Longtemps chasse gardée de TF1, les droits TV des plus grandes compétitions internationales de football changent de main. Le groupe M6, jusque-là discret sur le sport en clair, devient le nouveau diffuseur exclusif des Coupes du monde, masculines comme féminines. Après 2026 et 2030 chez les hommes, M6 s’assure la diffusion de la Coupe du monde féminine 2027. Une montée en puissance qui redéfinit les équilibres médiatiques et interroge sur les prochaines alliances dans le domaine du sport à la télévision.
M6 sécurise les plus grandes compétitions mondiales.
Selon L’Équipe, M6 s’apprête à finaliser un accord avec la FIFA pour obtenir l’exclusivité de la diffusion en clair de la Coupe du monde féminine 2027, prévue au Brésil du 24 juin au 25 juillet. Cette annonce intervient quelques mois après le rachat des droits des éditions masculines 2026 (États-Unis, Canada, Mexique) et 2030 (édition multi-continentale). Une série d’acquisitions qui témoigne de l’ambition renouvelée du groupe présidé par Nicolas de Tavernost, dans un marché très concurrentiel.
M6 dispose déjà, en co-diffusion avec France Télévisions, des droits des matchs de l’équipe de France féminine hors grandes compétitions, jusqu’en 2027. Ce nouveau contrat complète son arsenal et lui offre une opportunité rare : façonner la relation des Français avec le football féminin sur le long terme. Elle pourra conserver l’exclusivité ou revendre certains matchs à d’autres chaînes, sous forme de sous-licences — comme cela avait été envisagé avec TF1 pour les Coupes du monde masculines.
La revanche de M6 dans le sport en clair.
La stratégie de M6 tranche avec son positionnement historique. Longtemps cantonnée aux divertissements familiaux et aux séries américaines, la chaîne investit désormais le terrain très disputé du sport en direct. Après s’être fait doubler par TF1 sur des événements comme l’Euro ou la Coupe du monde dans les années 2000 et 2010, M6 opère un virage offensif. C’est un signal fort envoyé aux téléspectateurs et aux annonceurs : le sport, et particulièrement le football, est redevenu un axe de croissance prioritaire.
Ce retournement s’inscrit aussi dans un contexte où la fragmentation des droits pousse les groupes médias à se positionner vite et fort. TF1, qui conserve les droits de l’Euro 2028 masculin et de l’Euro féminin 2025, a partiellement recentré sa stratégie sur d’autres disciplines, comme le basket. En mai 2025, la chaîne a acquis les droits de diffusion en clair des tournois majeurs de l’équipe de France de basketball, hommes et femmes, jusqu’en 2029. France Télévisions, de son côté, reste engagé sur les disciplines olympiques et le cyclisme.
Vers une reconfiguration du paysage audiovisuel sportif.
Cette redistribution des cartes soulève plusieurs questions majeures pour les années à venir. D’abord, celle du partage éventuel des droits. M6, qui n’a pas l’habitude de gérer seule l’ensemble des matchs d’une compétition aussi dense, pourrait envisager des accords de sous-licence avec TF1 ou d’autres chaînes. Ensuite, celle de la montée en puissance du football féminin. Après un Mondial 2019 en France très médiatisé, le tournoi de 2027 organisé au Brésil pourrait devenir un événement structurant, à condition de bénéficier d’une couverture éditoriale et technique à la hauteur.
Enfin, cette concentration des droits chez M6 pose aussi la question de la stratégie numérique. Pour capter les jeunes audiences et accompagner l’évolution des usages, la chaîne devra développer une offre digitale robuste, probablement via 6play, sa plateforme de streaming. L’enjeu sera de conjuguer diffusion linéaire et formats interactifs adaptés au mobile, aux réseaux sociaux et aux usages à la demande.
Football en clair : M6 change de dimension.
Le football redevient une bataille stratégique pour les chaînes généralistes. Avec ce coup de filet sur les Coupes du monde à venir, M6 ne se contente pas de concurrencer TF1 : elle affirme son ambition de redevenir une chaîne sportive d’envergure. Reste à transformer l’essai : qualité de production, continuité éditoriale, intégration numérique… autant de défis que le groupe devra relever pour convaincre les passionnés comme les spectateurs occasionnels. Une chose est sûre : le match des audiences est déjà lancé.