Alors qu’il a bâti une grande partie de sa carrière sur la rupture des modèles établis dans les télécoms, Xavier Niel s’apprête à investir un nouveau terrain : le football. Le fondateur de Free et d’Iliad a confirmé, via sa holding NJJ, être en négociations exclusives pour devenir l’actionnaire majoritaire de l’US Créteil-Lusitanos, un club évoluant en National 2, le quatrième échelon du football français. Une opération qui, au-delà de l’aspect sportif, porte une forte charge symbolique et territoriale.
Un projet ancré dans le territoire
Originaire du Val-de-Marne, Xavier Niel affiche un attachement sincère à Créteil, où il a grandi. Sa déclaration — « Kaaris a mis la lumière sur Sevran ; moi, je veux mettre la lumière sur Créteil » — a fait mouche. Ce n’est pas la posture d’un investisseur opportuniste, mais celle d’un entrepreneur engagé qui souhaite rendre à sa ville natale une part de ce qu’elle lui a apporté.
Dans les faits, ce projet n’a rien d’anecdotique. Il s’agit de positionner Créteil comme un acteur structuré et ambitieux dans l’écosystème du football français, en s’appuyant sur une vision de long terme.
Une stratégie calquée sur les recettes du succès entrepreneurial
Le plan de Xavier Niel pour l’USCL repose sur trois piliers concrets :
- Un centre de formation pour structurer la détection et la montée en puissance des talents locaux.
- Une professionnalisation du club, tant dans ses infrastructures que dans la gestion administrative et partenariale.
- Une modernisation de l’image du club, pour attirer un nouveau public, des sponsors et créer une dynamique populaire autour du stade Dominique-Duvauchelle.
C’est une stratégie familière aux observateurs de Free : identifier un secteur sclérosé, injecter de l’innovation, des moyens et une méthode, pour construire une alternative crédible et durable. Le football, comme les télécoms en 1999, semble mûr pour ce type de rupture.
Une montée en puissance en ligne avec les tendances du sport-business
Le cas de Xavier Niel se glisse dans une tendance plus large où les figures de l’économie numérique investissent dans le sport professionnel. On pense évidemment à l’arrivée de la famille Arnault au Paris FC, mais aussi à d’autres acteurs comme Rodolphe Saadé à l’OM ou encore Amazon sur les droits télé.
Dans cette perspective, l’entrée de Xavier Niel dans le foot hexagonal pourrait rebattre certaines cartes, notamment dans l’approche numérique du fan engagement, la data sportive ou la médiatisation en OTT, des terrains où Iliad dispose déjà de leviers opérationnels puissants.
Un signal fort pour l’innovation dans le sport
La DNCG doit encore valider l’opération, mais tout laisse à penser que la feuille de route est déjà claire : valoriser Créteil, le club comme la ville, par une approche entrepreneuriale du sport. C’est aussi une manière pour Xavier Niel de faire émerger un contre-modèle au football-business classique, à l’image de ce qu’il a fait avec Station F dans la tech ou avec l’École 42 dans l’éducation.
En résumé, c’est bien plus qu’un simple rachat de club de N2. C’est le point de départ d’un projet de transformation à la croisée du territoire, de l’innovation et du sport. Une nouvelle aventure à suivre de près.