L’Autorité de la Concurrence, saisie à plusieurs reprises notamment par le Groupe Iliad, envisage un examen particulièrement approfondi du projet d’acquisition de M6 par TF1.
On ne le sait que trop depuis plusieurs mois, Xavier Niel notamment, lors son audition par le Sénat dans le cadre de l’enquête menée au sujet de la concentration des médias, n’a eu de cesse de s’élever contre cette acquisition, qui risquerait selon ses propos mêmes, de changer considérablement la donne sur le marché de la publicité.
Ce coup de gueule ne s’était pas limité aux mots, mais a donné lieu à plusieurs recours, menés conjointement, y compris devant l’Autorité de la Concurrence, qui jusqu’à présent, n’avait rien trouvé à redire et systématiquement débouté d’opérateur de l’ensemble de ses prétentions.
Revirement de situation en fin de semaine passée, avec le lancement d’une phase d’examen approfondie, selon les propres termes de cette dernière, avec notamment un détail des points sensibles susceptibles d’engendrer des difficultés dans un avenir proche, comme effectivement le monopole sur les régies publicitaires.
Cette nouvelle étude, va ainsi s’attacher à l’ensemble des conséquences liées à ce projet d’acquisition sur la commercialisation des droits de diffusion de contenus, l’édition mais également la mise sur le marché, de l’ensemble des chaînes ou la distribution des services.
Le résultat de cette étude ne sera vraisemblablement connu à l’automne, pour une finalisation du projet avant le mois de janvier 2023.
TF1/M6 ou la création de l’hydre à deux têtes du marché audiovisuel français.
Car si cette opération devait se concrétiser, le « monstre » issu de cette fusion détiendrait près de 70% des parts de marché sur la publicité, ce qui est véritablement énorme, avec des conséquences proportionnelles au niveau de la concurrence, qui se trouverait très nettement désavantagée et en perte de vitesse financièrement parlant.
Reste désormais à définir les contours de cette étude, comme le périmètre d’intervention ou non des plateformes SVoD, qui appartiennent également, qu’on le veuille ou non, au paysage audiovisuel, malgré un business plan bien différent.
En effet, il convient de se rappeler que TF1 et M6 adoptent un format payant pour une partie des programmes qu’ils cèdent, ce qui impact d’ores et déjà le marché.
Pour l’heure, il est hors de question pour l’Autorité de la concurrence de prendre parti ou de rendre un avis, mais d’approfondir l’ensemble des causes et effets de ce projet de fusion, qui même s’il devait se révéler insusceptible de recours, ne sera pas anodin dans le paysage audiovisuel français et devrait changer un grand nombre de chose.
La réponse définitive ne sera pas connue avant plusieurs mois ; le temps pour les deux protagonistes de peaufiner leur plan de fusion, et les opérateurs s’élevant contre celui-ci, leurs arguments en défense.