Le tour des promesses de la Freebox Delta en 18 mois

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Le 4 décembre 2018, il y a un an et demi, la Freebox Delta était dévoilée par Free, en grandes pompes, lors d’une conférence de presse. Celle qui fut longtemps attendue sous le nom de « Freebox v7 » devait être la digne héritière de l’increvable Freebox Révolution. Hélas, elle n’a pas fait l’unanimité lors de sa sortie : malgré ses qualités évidentes, ses conditions tarifaires élitistes ainsi que ses performances sonores pas tout à fait à la hauteur nous avaient conduit à la déconseiller.

Et déjà, fleurissent les rumeurs autour de l’arrivée prochaine d’une Freebox v8 ou « Freebox POP » — sorte de modèle intermédiaire qui pourrait être équipé d’Android TV, comme le fut la Freebox mini 4K en son temps. Il est donc plus que temps de faire le point sur la Freebox Delta, 548 jours exactement après sa sortie. Ses nouveautés, évolutions, promesses tenues (ou non)… on fait le bilan, calmement.

Freebox Delta S

Il n’aura fallu que deux petites semaines à Free pour corriger le tir après un lancement très critiqué. L’offre Freebox Delta S, disponible depuis le 19 décembre 2018, est une version « allégée » de la Freebox Delta, dépourvue de son coûteux Player Devialet à 480 €, et dépouillée de ses éléments audiovisuels : pas de Freebox TV, ni de Netflix, TV by CANAL, Amazon Prime….

De par son tarif à 39,99 €/mois, soit 10 € de moins que l’offre Freebox Delta complète, l’offre Freebox Delta S n’est pas la moins chère de Free : les plus économes préféreront se diriger vers la Freebox mini 4K, voire la Freebox Crystal. En réalité, elle s’adresse à un public spécifique, plutôt « geek », intéressé par les fonctionnalités spécifiques du Freebox Server Delta : fibre à 10 Gbps ou agrégation xDSL + 4G, NAS avec 4 emplacements disque dur, machines virtuelles, module Sécurité… L’absence de multimédia n’est pas forcément rédhibitoire : elle peut séduire les Freenautes préférant utiliser un boîtier TV de leur choix, par exemple la populaire Nvidia Shield TV ou un simple stick HDMI type Chromecast, couplé à une application TV comme myCANAL ou Molotov.

Notre avis : bon point ✅. Bien qu’on puisse encore regretter l’impossibilité de coupler le puissant Freebox Server Delta avec un Freebox Player mini 4K (par exemple), Free a été réactif en proposant une offre alternative, moins contraignante économiquement.

Amazon Prime

En octobre 2019, l’offre Amazon Prime a rejoint l’offre Freebox Delta sans surcoût. Habituellement facturée 5,99 €/mois, ou 49 € à l’année, l’option permet de profiter d’avantages sur Amazon, comme la livraison en un jour ouvré gratuite (voire le soir même dans certaines zones éligibles). Elle intègre également l’accès à Prime Video, Amazon Photos, Twitch Prime, et d’autres avantages. Son lancement s’est accompagné de l’arrivée de l’application Prime Video, permettant de profiter des contenus du service directement sur Freebox.

Il s’agissait d’une promesse de Xavier Niel, qui annonçait dès le mois de décembre 2018 l’arrivée d’un « nouveau service » intégré, lors d’une interview consacrée à Univers Freebox.

Notre avis : promesse tenue ✅. Pour les utilisateurs qui étaient précédemment abonnés individuellement à plusieurs services désormais inclus sur Freebox Delta (Netflix, Amazon Prime, TV by CANAL…), le tarif de l’offre est désormais nettement rentabilisé.

Achat du Player Free Devialet

On ne le répétera jamais assez : les 480 € à débourser obligatoirement lors de l’abonnement, pour l’achat du Player Free Devialet, sont l’un des plus gros inconvénients de l’offre Freebox Delta. Il est certes possible de lisser ce coût, sous forme de 48 mensualités de 10 euros, mais cela ne fait que gonfler le tarif mensuel de l’offre qui passe alors à 59,99 €/mois jusqu’à la fin du remboursement…

Une fois l’abonnement terminé, l’utilisateur conserve son Player. Celui-ci peut toujours être utilisé, dépourvu des services Freebox, avec n’importe quelle connexion Internet : restent accessibles Alexa, ainsi que les apps Netflix, Prime Video, YouTube, YouTube Kids, Deezer, Spotify, le lecteur multimédia, la possibilité de streamer du contenu en Airmedia, Bluetooth, ou l’utilisation de l’enceinte via l’entrée optique SPDIF.

Sur ce point, la situation n’a guère évolué. Hormis la possibilité de se passer totalement de toute fonction multimédia, via l’offre Freebox Delta S, peu de solutions ont été apportées par Free. Déjà, à l’époque, nous soulignions que le tarif de 480 € semblait élevé, au regard des performances sonores délivrées par l’enceinte intégrée, en comparaison des barres de son désormais disponibles sur le marché (cf. notre test). Cette critique ne deviendra que plus pertinente avec le temps, le prix moyen d’un bon équipement audio et vidéo 4K ne faisant que baisser au fil des mois.

Notre avis : pratique discutable ❌. En faisant le choix inhabituel de l’achat du décodeur, plutôt que du prêt ou de la location, Free s’est inspiré du modèle des smartphones. Mais pour que la comparaison fonctionne, il faudrait pouvoir revendre son Player d’occasion à un autre Freenaute, qui pourrait ainsi éviter de payer un modèle neuf à plein tarif. Or, cette possibilité n’est pas offerte par Free lors de l’abonnement.

Dolby Atmos et 5.1 sur Netflix

Un an et demi après la sortie de la Freebox Delta, le Dolby Atmos n’est toujours pas supporté. Ses atouts sont pourtant évidents : véritable évolution dans le monde de l’audio à domicile, ce format permet d’encoder précisément la spatialisation de chaque « objet » audio, plutôt que de proposer un nombre de « pistes » audio prédéfinies (mono, stéréo, 5.1, 7.1…). Ainsi, un contenu proposé en Atmos sera toujours lu de façon optimale quel que soit le nombre d’enceintes, en faisant un format universel idéal depuis les smartphones jusqu’aux système home cinema les plus touffus.

Son arrivée avait pourtant été annoncée par Xavier Niel, dans une interview à Univers Freebox dès la sortie de la Freebox Delta : « ça va aller très très vite (…) dans les jours ou les très petites semaines qui viennent », promettait alors le fondateur de Free. Quelques jours plus tard, c’est sur notre site que Xavier Niel s’exprimait à nouveau, annonçant cette fois-ci l’arrivée d’un son 5.1 sur Netflix « au cours du 1er trimestre » 2019, sans toutefois mentionner directement Dolby. Depuis, plus de nouvelles…

Notre avis : promesse non-tenue ❌. Un an et demi plus tard, côté Free, c’est le silence radio, et on n’y croit plus vraiment.

HDMI eARC

Autre promesse de lancement, la norme HDMI eARC devait permettre au Player Free Devialet de recevoir et décoder le signal audio des autres périphériques HDMI raccordés à la même télévision : consoles de jeux, lecteurs Blu-ray, etc. Mais bien que le logo e-ARC trône fièrement sur la boîte du Player Freebox Delta, la fonction n’a jamais été déployée… ni même réellement évoquée depuis.

Pour brancher une source externe sur l’enceinte Player Free Devialet, il n’y a donc qu’une seule solution : utiliser un câble optique SPDIF, avec les inconvénients que cela implique. Cette connectique ne permet pas le décodage des formats audio numériques plus récents (Dolby Digital Plus, Dolby Atmos…), et n’est tout simplement pas présente sur certains appareils populaires (PlayStation 4 Slim, Nintendo Switch…).

Notre avis : promesse non-tenue ❌. Tout comme pour le Dolby Atmos, l’absence de nouvelles informations à ce sujet nous fait penser que la fonctionnalité a peut-être été abandonnée.

Lecture vidéo 4K HDR

La lecture de fichiers 4K, avec ou sans informations de couleur HDR, a longtemps posé problème sur Freebox Delta. Il n’était pas rare d’obtenir une image saccadée, voire totalement figée, et ce, quelque soit le codec vidéo utilisé (y compris les deux formats les plus courants en matière de vidéo 4K : H.265 et VP9). Plutôt gênant pour une box 4K dernière génération…

La mise à jour 1.0.13 pour le Freebox Player Delta, déployée le 28 avril 2020 (il y a à peine plus d’un mois), annonce avoir enfin corrigé ce souci. Dans les faits, l’info, qui se résume à une ligne laconique sur le blog des développeurs Freebox, est effectivement une avancée majeure. Mieux vaut tard que jamais !

Notre avis : pile poil ✅. Après de nombreux tests de notre côté, la Freebox semble véritablement « avaler » tous les contenus 4K qu’on lui met sous la dent, et on n’a pas réellement réussi à la prendre en défaut. Elle devient dès lors un lecteur multimédia 4K tout à fait viable, ce qui n’était encore pas vrai il y a quelques mois.

Machines virtuelles

Au mois d’octobre, l’arrivée des machines virtuelles sur Freebox Server Delta était la bonne nouvelle que peu de monde attendait. Littéralement : on parle ici d’une fonction très « geek », dont une grande partie du public ne comprendra pas l’intérêt ou ne saura même pas se servir. Il s’agit d’ailleurs d’une fonction complètement absente des box des autres opérateurs grand public.

Il est donc désormais possible de faire tourner des machines virtuelles, sous Linux ou tout autre système doté d’une distribution ARM64, sur sa Freebox jusqu’à deux machines en simultané. Parmi les usages rendus possibles que nous avons pu tester, il est désormais possible de mettre en place :

  • un serveur web, ftp, mail etc. à la maison ;
  • un résolveur DNS personnel ;
  • une webradio ou une webTV ;
  • un serveur multimédia local (type Plex) ;
  • un service de « cloud » à domicile (type Nextcloud) ;
  • une solution domotique clé-en-main (type Jeedom) ;
  • un serveur de jeu léger (Minecraft fonctionne correctement, à condition de rester sur des maps modestes, à peu de joueurs).

Notre avis : parfait ✅. On craignait une fonction trop limitée par les capacités matérielles du Freebox Server Delta, mais on reste surpris par ce que celui-ci parvient à faire tourner !

Pack Sécurité

Il s’agissait d’un des aspects les plus innovants de la Freebox Delta à sa sortie : son pack Sécurité, salué lors de notre test. Si, par nature, on n’imagine guère une offre de détecteurs et de caméras changer du tout au tout au fil des années, les développeurs ont pris soin de peaufiner l’offre avec de nouvelles fonctions.

Citons en vrac :

  • l’arrivée d’un système d’alerte SMS en cas de déclenchement de l’alarme ;
  • la possibilité de lancer l’enregistrement du flux de la caméra lors de la détection de mouvements ou de bruits ;
  • l’évolution régulière de l’app Freebox pour iOS/Android, accompagnant ces évolutions.

Notre avis : ça va dans le bon sens ✅. Une évolution douce, mais à l’écoute des demandes des abonnés. Il faut dire que l’offre Sécurité était déjà plutôt bien pensée à son lancement. Maintenant, on aimerait voir le prix des accessoires supplémentaires baisser un peu dans la boutique Freebox…

Finalement…

En un an et demi, l’offre n’a pas évolué autant qu’on aurait pu l’espérer. Les mises à jour semblent déployées à un rythme plus lent qu’habituellement chez Free, et on reste perplexes devant certains bugs, voire régressions, laissés ouverts pendant parfois plus d’un an. Par exemple, un problème d’artefacts sur Freebox TV lors d’un zapping (bug #27686)… cela ne fait pas bien sérieux, et dénote avec la volonté de proposer une offre « premium ».

On ne peut s’empêcher de penser aux actes manqués d’une box qui n’a pas totalement rencontré son public. La télécommande tactile, si séduisante au premier abord, a rapidement été oubliée. On aurait pu imaginer la voir évoluer, avec l’affichage d’informations importantes voire de menus et sous-menus accessibles directement sur l’écran de la télécommande. De son côté, l’enceinte Devialet, dont on nous promettait à demi-mot qu’elle pourrait évoluer avec l’arrivée de réglages proposés à l’utilisateur (égaliseurs musicaux, etc.), doit rester cantonnée à un pré-réglage unique clinquant, inadapté à certains contenus.

C’est donc un bilan teinté de déception. Free n’est pas parvenu à totalement rattraper ses erreurs de lancement. On salue les nouveautés de l’offre sur le long terme, mais de par son positionnement même, la Freebox Delta est vouée à ne pas être aussi fédératrice que la vénérable Freebox Révolution. En l’état, on recommandera surtout l’offre Freebox Delta (ou Freebox Delta S) à un certain public plutôt aisé, geek et/ou très consommateur de contenus.

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Rédactrice principale sur Freenews de 2009 à 2020. Il paraît que des personnes demandent de mes nouvelles depuis.

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