FreeBank : mythe ou réalité ?

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Nous avions sorti l’information au début du mois d’octobre dernier et envisagions (comme cela est le cas depuis plusieurs années), l’hypothèse de la mise en place d’un service bancaire en droite ligne concurrentielle à celui créé par Orange il y a de cela 2 ans. 

L’émission d’un code BIC, un dépôt de marque auprès de l’INPI, un investissement d’Iliad dans Libra, la cryptomonnaie de Facebook, la mise en place d’un service de transfert de monnaie dans le cadre de la création de Free Sénégal … autant d’indices qui démontraient l’intérêt particulièrement prononcé de Free dans l’idée de révolutionner à son tour les services bancaires tout du moins les usages du genre.

Sauf que le code BIC n’est pas, aux yeux des spécialistes de la finance, un indice suffisamment probant, chaque établissement ayant vocation à être, à l’origine de son propre code.

De même, la simple identification auprès d’organismes de régulation bancaire ou des chambres d’enregistrement, n’est pas satisfactoire, une analyse partagée par le site manéobanque spécialisé dans la vulgarisation des procédures bancaires.

En d’autres termes et pour faire simple, ce n’est pas parce qu’il n’est pas dans l’habitude de Free d’inter dépendre et c’est le cas ici, d’un organisme, quelque qu’il soit, que l’opérateur entend s’émanciper du système, bien au contraire. 

Une émission de BIC qui ne justifie pas à elle seule la mise en place d’un service bancaire indépendant.

Tout d’abord, le système bancaire possède son lot de procédures complexes dont la mise en place est parfaitement distincte de celle qui nous intéresse. 

L’accent est donc mis sur la procédure d’agrément numérotée CIB 11758 dont Free a fait l’objet et qui lui a permis d’obtenir le fameux Iliad78 objet de toutes les suppositions.

Sauf que cet agrément, est un élément bancaire délivré à toute entité qui en forme la demande et qui ne peut en aucun cas revêtir la forme d’un indice supplémentaire quant à l’ouverture prochaine du fameux service.

En outre, cet agrément est plutôt rattaché aux process d’initiation des paiements et d’informations sur les comptes et c’est là que se révèle tout l’intérêt.

En d’autres termes, il s’agit pour l’émetteur, de pouvoir directement accéder aux comptes bancaires tiers pour procéder à un virement vers un bénéficiaire enregistré dans ses bases de données en lieu et place d’un prélèvement SEPA.

L’émission de ce BIC ne serait donc que les prémices  d’une modification des modalités de règlement des factures.

L’avantage ? Garantie de tout incident de paiement tout en réduisant les coûts de gestion notamment des impayés qui représentent un montant global important pour une société de cette ampleur. 

Mais pas seulement. 

Alors, nouveau service ou simple organisation de la gestion interne ?

Si Free se place à l’initiative d’une demande de prélèvement tel que cela est le cas pour les procédures SEPA, l’opérateur se voit facturer environ 20 cts d’€ pour chaque ordre passé à date fixe, ce qui représente à terme, un montant colossal qui n’assure en rien le transfert des fonds du débiteur vers le créancier pour défaut de provision, mandat révoqué ou clôturé ou toute autre raison, ce qui signifie des frais de gestion superflus et des pénalités souvent disproportionnées.

Situation plus ou moins identique en cas de rejet du prélèvement dans les 8 semaines d’un règlement productif de la part de l’émetteur ou de toute autre contestation sérieuse, différant le règlement du litige à …13 mois. 

Idem pour la régularisation de la situation par carte bancaire. 

Autant de frais de gestion qui pourraient être évités et qui représentent à terme, un impact conséquent sur la gestion de la facturation des abonnés Free. 

Dans le même temps, le recueil de données effectué en amont représenterait une assurance supplémentaire quant à l’identité du payeur, à savoir l’usager et son lien avec le compte bancaire enregistré. 

Pour résumer, l’hypothèse du lancement d’un service bancaire disruptif à l’image de celui lancé par Orange se réduit à une peau de chagrin au regard des usages bancaires et d’une simple logique légale comme comptable ou de gestion.

Par ailleurs, le service Orange Bank a été lancé il y a maintenant de très nombreux mois avec une déception en termes de recrutement de clients, avec des pertes évaluées à 68 millions d’euros dans le courant de l’année 2018, malgré des chiffres légèrement plus encourageants en 2019.

L’investissement dans les monnaies parallèles et les cryptomonnaies, beaucoup plus innovantes, semble à terme plus pertinent et en adéquation avec la philosophie de Free.

Le suspense demeure cependant entier et nous ne sommes pas à l’abris d’une surprise.

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