Les vieux démons

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Orange diabolique

France Telecom fait de nouveau parler de lui cette semaine. En cause, sa volonté d’augmenter le débit des abonnés ADSL aux lignes les plus longues (ayant moins d’1 Mbps) moyennant la mise en place de nouveaux équipements entre le NRA et le client. Néanmoins, le principe même a été unanimement rejeté tant par l’Arcep (régulateur des télécoms) que par l’Autorité de la Concurrence saisie pour l’occasion. Pourquoi une telle levée de boucliers ?

Avant toute chose, quelques chiffres. Le projet de France Telecom, dont l’objectif est de ramener à 2 Mbps minimum toute connexion ADSL en France, concerne environ 9 millions de lignes, pour un coût total particulièrement élevé (estimé entre 3 et 4 milliards d’euros). Cela représente (en moyenne) un investissement de 388 € par ligne concernée. Un investissement pas forcément énorme pour un tel géant, mais néanmoins impressionnant.

Il faut cependant voir que cette mesure obligerait les opérateurs dits « alternatifs » à installer des équipements dans chacun des nouveaux centraux mis en place. Sur le domaine de l’ADSL, les opérateurs sont subordonnés aux équipements téléphoniques de France Telecom et ce, pour des raisons historiques… C’est pour cette raison que l’Arcep (ex-ART) a mis en place le grand chantier du dégroupage, avec des règles précises d’accès aux répartiteurs par les opérateurs tiers à France Telecom. Après des années de bataille acharnée dans ce sens, il est inconcevable de revenir en arrière et de laisser FT reprendre des droits exclusifs sur le réseau, rognant sur les zones de dégroupage.

Tout compte fait, qu’est-ce qui dérange dans cette proposition ? Que France Telecom tente de mettre en place une mesure bénéfique aux internautes, ou bien qu’il pense qu’il est toujours dans une situation monopolistique où installer/déplacer de nouveaux centraux quand bon lui semble (en particulier quand cela entrave la concurrence), est possible ?

Alors que l’on pensait l’opérateur historique assagi et (relativement) coopératif envers Free, SFR et consorts, voilà que ses vieux démons reprennent le dessus. Certains y verront là un exemple supplémentaire de conflit d’intérêts entre le détenteur du réseau téléphonique français (France Telecom), qui se doit d’être neutre, et l’opérateur téléphone et ADSL, Orange, qui agit pour ses propres intérêts. Beacuoup militent d’ailleurs pour la séparation des deux entités de manière bien distincte. Ce genre d’affaire, en plus de ternir un peu plus la réputation de France Telecom, va en ce sens…

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Rédactrice principale sur Freenews de 2009 à 2020. Il paraît que des personnes demandent de mes nouvelles depuis.

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