En 2025, la justice italienne vient de franchir un cap inédit dans la lutte contre le piratage audiovisuel, particulièrement contre les réseaux IPTV pirates en Italie. Après le démantèlement d’un réseau IPTV illégal baptisé Italia TV, 6 000 utilisateurs ont été identifiés et risquent des amendes allant jusqu’à 5 000 €. Une offensive spectaculaire qui marque un tournant majeur en Europe, visant désormais non seulement les opérateurs mais aussi les consommateurs finaux.
Une opération d’ampleur : prison pour l’opérateur, amendes pour les abonnés.
Le 16 juin 2025, le tribunal de Naples a condamné Cristian Fidato, 23 ans, à 4 ans et 4 mois de prison pour avoir dirigé le service pirate Italia TV. Ce réseau donnait un accès illégal à des contenus de Netflix, Prime Video, Disney+, Sky, DAZN et d’autres diffuseurs majeurs. Son chiffre d’affaires estimé : 850 000 € sur quatre ans. Les paiements transitaient via cryptomonnaies et comptes bancaires.
Deux complices ont également été condamnés : Anatoliy Perrotta à 16 mois avec sursis, et un troisième homme à un an ferme. Au-delà du piratage, l’enquête a révélé des activités illégales aggravantes : images pédopornographiques échangées sur WhatsApp et culture de cannabis.
Mais l’élément clé de cette affaire réside ailleurs : les autorités ont identifié 6 000 utilisateurs. Pour la première fois, les clients d’un service IPTV pirate font eux aussi face à des sanctions administratives concrètes.
Une dissuasion ciblée : jusqu’à 5 000 € d’amende pour les récidivistes.
Le message est clair : consommer du contenu illégal ne sera plus une zone grise. Sous la houlette des procureurs Silvio Pavia et Alessandro Milita, la Guardia di Finanza a collecté des preuves d’usage pour chacun des abonnés.
Des premières amendes ont déjà été envoyées. Leur montant varie : de 51,33 € pour une première infraction jusqu’à 5 000 € pour récidive. Une échelle prévue par le droit italien, mais rarement appliquée jusqu’ici. Des abonnés ont reconnu les faits et payé sans contester, signe de l’efficacité de la stratégie.
Cette vague punitive s’inscrit dans une nouvelle doctrine : la répression de masse pour tarir la demande. Les clubs de foot italiens, diffuseurs et plateformes concernées y voient un levier puissant pour ralentir la fuite de leurs revenus.
L’Europe vers une tolérance zéro ?
L’Italie n’est pas un cas isolé. L’Espagne, l’Allemagne ou le Royaume-Uni envisagent également de sanctionner les clients des réseaux pirates. Une directive européenne pourrait même harmoniser les sanctions à l’échelle du continent.
Les autorités cherchent à briser le sentiment d’impunité. Jusqu’ici, seules les têtes de réseaux étaient poursuivies. L’approche change : sans public, pas de marché. Et sans sanction visible, pas de dissuasion.
Quelques limites et questions sont cependant soulevés.
L’affaire Italia TV soulève de grosses interrogations. Pourquoi fixer à 5 000 € une amende pour usage, alors que le principal opérateur n’a été condamné qu’à 22 000 € d’amende (en plus de sa peine de prison) ? Quelle proportionnalité entre l’offre et la demande ?
De plus, cette stratégie pourrait heurter la relation entre consommateurs et plateformes légales. En criminalisant des usages parfois banalisés (abonnement partagé, diffusion en direct sur Twitch, etc.), le risque d’un effet boomerang est réel.
Mais pour les diffuseurs, le calcul est clair : agir maintenant pour éviter que le piratage ne redevienne la norme, comme au début des années 2000 avec le peer-to-peer.
La répression, nouveau levier anti-piratage ?
En s’attaquant aux abonnés, l’Italie inaugure une nouvelle phase de la guerre contre l’IPTV pirate. Moins spectaculaire que les raids policiers, mais potentiellement plus efficace à long terme.
L’Europe regarde, et pourrait suivre. Une seule certitude : la tolérance zéro devient la nouvelle doctrine. Le téléchargement illégal a reculé grâce au streaming légal. Pour l’IPTV, l’équation pourrait passer par une combinaison de répression ciblée, de tarification attractive… et de meilleure accessibilité aux contenus.