Dans une allocution devant les députés, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a annoncé que « le moment politique est venu » pour une « fusion » des géants de l’audiovisuel public en France. Cette annonce retentissante a été suivie par l’approbation, en commission, du principe de cette transformation radicale de l’audiovisuel public français selon Les Échos.
D’après les plans dévoilés et une phase intérimaire sous forme de holding en 2025, l’objectif ultime de cette réforme est de créer une « entreprise unique » regroupant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (RFI, France 24) et l’INA dès le 1er janvier 2026. Cette décision, adoptée par une majorité de voix en commission malgré l’opposition de certains députés de la gauche et du MoDem, ouvre la voie à une transformation sans précédent du paysage médiatique français.
Une vision audacieuse pour l’avenir de l’audiovisuel ?
La Ministre de la Culture justifie cette initiative en mettant en avant les « forces indéniables » de l’audiovisuel public, tout en soulignant la nécessité de les consolider face à une concurrence féroce, notamment de la part des géants du streaming tels que Netflix. Le nouveau groupe issu de cette fusion colossale disposerait d’un budget impressionnant de 4 milliards d’euros et rassemblerait environ 16 000 salariés.
Ce projet, longtemps évoqué depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, a pris une ampleur remarquable ces derniers mois. La ministre, dès son entrée en fonction en janvier, avait exprimé sa volonté de pousser plus loin que les simples rapprochements en cours entre France Télévisions et Radio France, pour embrasser une vision plus ambitieuse de l’avenir de l’audiovisuel public français.
Cependant, lors d’un vote serré, les députés de la commission des Affaires culturelles ont décidé d’exclure France Médias Monde (FMM) du futur holding, argumentant que ses objectifs et enjeux diffèrent de ceux des autres entités. Cette exclusion pourrait toutefois être réexaminée ultérieurement.
Un tournant législatif et des enjeux médiatiques en évolution
Le projet de loi, validé en commission, doit désormais passer en première lecture à l’Assemblée nationale fin mai, ce qui a déjà suscité l’opposition des syndicats de Radio France, qui ont appelé à une grève pour ces journées. Pour garantir une adoption réussie, la ministre a repris un texte adopté précédemment par le Sénat, obtenant ainsi le soutien de plusieurs groupes politiques, dont Les Républicains et le Rassemblement National.
Cependant, la gauche reste farouchement opposée à cette réforme, dénonçant une détérioration continue du service public depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir. Pour apaiser les inquiétudes financières, des dispositions sont en cours d’élaboration, notamment un financement pérenne depuis le budget de l’État, ainsi qu’une révision du régime de la publicité.
Cette fusion historique de l’audiovisuel public s’annonce comme un véritable tournant dans le paysage médiatique français, offrant de nouvelles perspectives et suscitant à la fois espoirs et controverses quant à son impact sur la diversité et l’indépendance des médias. L’émergence de ce géant de l’audiovisuel public pourrait également changer la donne dans la bataille mondiale pour l’attention des spectateurs dans un contexte où les nouvelles technologies réinventent sans cesse la manière dont nous consommons les médias.
Source Les Échos.