À Mountain View, la conférence Google I/O 2025 ne ressemble pas aux éditions précédentes. Sous la menace d’une chute de son monopole sur la recherche en ligne et d’une pression inédite des chatbots IA, Google affiche ses ambitions et ses inquiétudes. L’IA devient le pivot de son avenir, quitte à transformer son modèle économique historique.
Ce qu’il faut retenir de Google I/O 2025
Google a ouvert son événement annuel avec une série d’annonces majeures centrées sur l’IA générative. L’entreprise affirme avoir repris la main dans la course à l’innovation, en mettant en avant son modèle Gemini, présenté comme plus performant que ceux d’OpenAI ou Meta. L’édition 2025 est aussi marquée par la promesse d’un « agent IA universel », dans la lignée du prototype Project Astra, capable de répondre en temps réel à l’environnement capté par un smartphone.
Mais derrière les effets d’annonce se cache un enjeu vital. Depuis l’essor fulgurant des assistants comme ChatGPT, les utilisateurs se détournent des moteurs de recherche classiques. Les analystes estiment que la part de marché réelle de Google pourrait tomber à moins de 50 % d’ici cinq ans. Une perte de contrôle qui affole aussi Wall Street : 150 milliards de dollars de capitalisation envolés en une journée après des révélations sur la baisse de trafic sur Safari.
Une IA générative qui cannibalise la recherche ?
Google injecte désormais de l’IA générative directement dans son moteur de recherche via les « aperçus IA », ces résumés en haut des résultats qui réduisent le besoin de cliquer sur des liens. Une transformation qui bouleverse l’écosystème web, éditeurs compris. Les publicités font aussi leur apparition dans ces blocs IA, suggérant une monétisation hybride encore balbutiante.
Sundar Pichai assume ce virage et maintient un plan d’investissement de 75 milliards de dollars en 2025, soit 50 % de plus que l’année précédente. En parallèle, Google développe une stratégie d’abonnement avec Google One (150 millions d’abonnés), qui donne accès à des fonctions IA avancées, notamment des générateurs de texte ou de visuels.
Ce basculement n’est cependant pas sans risques : deux procédures antitrust aux États-Unis pourraient contraindre Google à se séparer d’actifs majeurs comme Chrome. En coulisses, les analystes s’interrogent : comment monétiser l’IA sans tuer le modèle publicitaire ? Et comment Google peut-il maintenir sa domination si les usages migrent vers des assistants conversationnels ?
Une architecture technique sous pression.
Face à cette course technologique, Google multiplie les déploiements sur ses propres datacenters et affine son écosystème autour de Gemini. Mais la pression monte. OpenAI, Anthropic et Mistral innovent vite, et les modèles open source gagnent en maturité. L’IA n’est plus seulement une promesse : elle redéfinit la manière dont les internautes s’informent, travaillent et consomment. Google, longtemps en position dominante, se retrouve aujourd’hui en posture défensive.
L’édition 2025 de Google I/O n’est pas celle de la surenchère. Elle marque un basculement. Google ne vend plus seulement du lien, mais une promesse d’assistant intelligent, immersif et intégré. Reste à savoir si cette promesse sera compatible avec les enjeux de souveraineté numérique, de pluralité de l’information et de régulation économique. Le virage de Google est audacieux. Mais le virage est aussi périlleux.