C’est une première historique pour le football français : la Ligue de football professionnel (LFP) devient son propre diffuseur avec la chaîne Ligue 1+, qui verra le jour le 15 août. Derriere cette initiative, un pari clair : maîtriser la valeur de son produit, renouer avec les fans, et concurrencer les mastodontes de la diffusion sportive. Mais au-delà du nom, que cache ce nouveau dispositif ?
Une offre inédite.
Huit matches en direct, un en différé, et deux magazines Ligue 1+ diffusera huit matches en direct chaque week-end, le neuvième en différé, ainsi que deux grands magazines le samedi et le dimanche. La première rencontre, Nantes-PSG, sera proposée en clair le 17 août. La chaîne retransmettra aussi le Trophée des Champions, les multiplex de fin de saison et les barrages.
L’équipe éditoriale se compose de visages familiers du journalisme sportif : Marina Lorenzo, Smaïl Bouabdellah, Thibault Le Rol, Xavier Domergue ou encore Benoît Cheyrou en consultant. Une volonté claire d’installer une identité forte et chaleureuse, axée sur le direct et l’accompagnement.
Abonnements et modèle économique.
La barre du million d’abonnés Ligue 1+ sera accessible à 14,99 € par mois avec engagement, ou 19,99 € sans. Une offre -26 ans à 9,99 € sur mobile et tablette vise les jeunes publics. Objectif : atteindre un million d’abonnés la première saison. Coût total de l’opération : 66 millions d’euros.
Le modèle se rapproche de celui d’une plateforme OTT comme Netflix ou DAZN, mais avec la particularité d’être porté par une instance sportive. Cette intégration verticale permet à la LFP de détenir ses droits, produire, diffuser et distribuer elle-même. Une manière de ne plus dépendre d’intermédiaires volatiles.
Hyperdistribution et ouverture.
Sur tous les réseaux et au-delà La LFP annonce une stratégie d’hyperdistribution : Ligue 1+ sera disponible sur les box des quatre grands opérateurs (Orange, SFR, Free, Bouygues), ainsi que sur DAZN. Des négociations sont en cours avec d’autres streamers pour renforcer l’exposition.
La chaîne existera aussi en direct sur les plateformes OTT, sans FAI, ce qui lui garantit une autonomie technique et commerciale intéressante. Un modèle hybride qui conjugue couverture grand public et flexibilité numérique.
Un enjeu de souveraineté et de reconquête pour le foot français.
Avec Ligue 1+, la LFP change de paradigme : elle n’est plus simplement vendeuse de droits, mais actrice médiatique à part entière. Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique européenne de réappropriation des contenus sportifs (voir la Bundesliga ou LaLiga). En France, cela pourrait préfigurer d’autres mutations, y compris pour les contenus culturels ou audiovisuels publics.
Pour les opérateurs, c’est une occasion de proposer un nouveau levier de fidélisation. Pour les utilisateurs, un accès plus fluide à un contenu précieux. Et pour la LFP, une ambition claire : devenir un acteur à part entière de l’économie de l’attention.
Un + qui pourrait tout changer.
Ligue 1+ est bien plus qu’une chaîne de foot : c’est un symbole d’indépendance stratégique. Si le pari de la rentabilité est rempli, le modèle pourrait inspirer d’autres secteurs. Une chaîne à suivre, au sens propre comme au figuré.