C’est une onde de choc prévisible, mais qui n’en reste pas moins structurante : SFR, deuxième opérateur fixe et troisième mobile en France, va entrer en procédure de sauvegarde accélérée. Une démarche technique et encadrée juridiquement, qui fait suite à l’échec partiel d’une conciliation avec ses créanciers. Mais au-delà de la dimension financière, c’est l’équilibre même du marché français des télécoms qui pourrait s’en trouver modifié. Car si SFR vacille, les trois autres opérateurs ne comptent pas attendre.
Un basculement programmé
Le tribunal de commerce de Paris devrait ouvrir début juin une procédure de sauvegarde accélérée pour Altice France, maison mère de SFR. Ce processus juridique vise à entériner un accord de rééchelonnement de dette validé par plus de 90% des créanciers. L’opération, nécessaire pour éviter un redressement judiciaire, marque aussi une transition vers un probable démembrement ou une cession partielle de SFR.
Parallèlement, Patrick Drahi explore des options de revente, par morceaux ou en bloc, à des acteurs français ou étrangers. Une situation qui place Bouygues Telecom, Orange et Free en état de vigilance active. L’appétit étranger, notamment du Moyen-Orient, complique encore la lecture de cette difficulté.
Vers une recomposition agressive du marché
La fragilité de SFR offre une opportunité rare : redistribuer les cartes d’un marché saturé et à forte intensité concurrentielle. En cas de cession, Free pourrait donc bien renforcer sa position en récupérant des actifs stratégiques (fréquences, réseau, clients). Orange, bridé par la régulation, devrait manoeuvrer avec prudence. Bouygues, quant à lui, pourrait être tenté par un accord industriel.
Dans ce climat instable, les opérateurs redoublent d’agressivité commerciale. Free a lancé une offre fixe-mobile combinée ultra-compétitive sous les 28€, tandis que Bouygues et Orange multiplient les promotions croisées. L’objectif ? Accroître la base abonnée pendant que SFR, englué dans ses négociations, reste en retrait.
Quel avenir pour le paysage télécom ?
La procédure de sauvegarde accélérée déclenchée chez SFR n’est pas une fin, mais une zone de turbulence qui pourrait réorganiser durablement l’échiquier des télécoms français. Entre recomposition industrielle, appétits financiers et régulation stricte, le marché entre dans une période d’incertitude propice aux mouvements rapides. L’été 2025 pourrait être le début d’une véritable recomposition.