Fibre Optique : un coup de pied dans la filière s’impose

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L’attention est régulièrement attirée sur les problématiques liées à l’installation de la Fibre dans les communes, qui non seulement représente un casse-tête pour les collectivités locales très lourdement impactées par la légèreté des prestataires, mais également pour l’ARCEP, qui ne sait plus quelle injonction donner pour enfin mettre de l’ordre, malgré les 14,5 millions d’abonnés d’ores et déjà raccordés à un réseau fibré dont 4 rien que sur l’année 2021.

Or, des objectifs ont été mis en place, avec l’abandon définitif du cuivre d’ici 2030, sans aucun retour en arrière possible, et Laure de la Raudière, Présidente de l’Organisme des Télécoms rencontre les plus vives difficultés pour se faire entendre.

« On ne peut pas imaginer avoir dépensé autant d’argent public et privé dans la fibre optique, avec autant d’espoir de progrès pour les citoyens, et avoir une déception d’usage après » a-t-elle même déclaré dans le courant du mois d’avril dernier, lors d’un séminaire organisé par le cabinet de Conseil KPMG.

Le problème ne réside pas dans le rythme de déploiement du réseau, mais dans la qualité des interventions menées par des sous traitants, ce qui représente un surcharge pour les opérateurs, qui n’assument les errements commis par leurs prestataires.

Une vaste enquête menée par Le Monde est venue confirmer cet état de fait, après des mois d’alerte de la part de l’ensemble des acteurs de la filière, et de coups de poing sur la table, sans toutefois que le succès soit la clé.

De l’illusion au cauchemar pour l’abonné en rade de connexion….

Pourtant, le contrat est simple et se résume en une seule notion: le mode STOC, qui définit le raccordement des abonnés à la Fibre moyennant quelques jours de délai. Mais ce qui paraît simple sur le papier, tourne véritablement au cauchemar pour un trop grand nombre de souscripteurs, qui déplorent des connexions instables voire catastrophiques, engendrant parfois des difficultés sans nom en raison d’une interruption du service ou de sa mauvaise qualité, tout en payant un abonnement plein pot.

Forcément, la satisfaction est déjà loin d’être au rendez-vous pour 15 à 20% d’entre eux, ce qui est énorme, mais de surcroît entraîne une frilosité non dissimulée de la part des fibrés en devenir, qui préfèrent conserver une connexion stable via l’ADSL donc le réseau cuivré, ce qui n’est pas l’objectif principal visé par l’ARCEP comme par les opérateurs.

Du défaut de communication entre les opérateurs d’infrastructures aux opérateurs commerciaux, aux plats de nouilles découverts dans les armoires en passant par le trop grand nombre de prestataires ou le défaut de professionnalisme de certains techniciens payés au lance-pierre, toute la chaîne de déploiement est sujette à caution selon le Monde, qui a mis l’accent sur le caractère profondément délétère de la situation.

“Beaucoup d’intervenants sur la chaîne ne gagnent pas suffisamment d’argent” dénonce de son côté président d’InfraNum, visant également un problème de sécurité du côté des intervenants, qui parfois encourent des risques sans obtenir une rémunération décente, ce qui ne permet pas de maintenir des interventions qualitatives, au détriment de l’abonné, à qui il ne reste plus qu’à subir cette situation.

 “Quand il n’y a plus de place pour raccorder un nouveau client dans l’armoire de rue, certains techniciens sont tentés de débrancher un abonné pour prendre la ligne” indique au Monde Olivier Corolleur, directeur fibre, infrastructures et territoires à l’Arcep, dénonçant dans le même temps des dégradations volontaires parfois en raison des conditions contractuelles particulièrement discutables liant les différents prestataires.

L’ARCEP entendait en son temps durcir le ton, accusée par le Gouvernement de ne pas mettre de l’ordre ; sauf que le gendarme des télécoms se défend d’en avoir véritablement les moyens.

En d’autres termes, c’est une impasse qui semble se dessiner depuis plusieurs mois et qui ne s’arrangera qu’avec une action conjointe des pouvoirs publics comme des opérateurs, principaux lésés par cette situation qui malgré de nombreux mois de mise en évidence, ne parvient à aucune solution.

Source Le Monde.

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Directrice de publication et d'édition.

Un commentaire

  1. Il ya 30ans, ce genre de chose s’appelait du travail d’ara…. ni fait ni a faire.. les mots ont changés , mais le travail reste aussi pathetique… Quand j’entend les paroles de gens qui ont etes fibrés dans ma ville, ca fait peur… Le dernier en date, pour pas faire le tour de la piece ou il ya la box, il a laissé la prise dyu coté ou arrivait le cable ext, il a donc passé la jarretiere ( cable en la box et la prise, le fin fils vert) au milieu de la piece ( quand je dis au milieu, c’est VRAIMENT au milieu). La cliente le cache avec un grand tapis pour pas se prendre les pieds dedans… Tout ca pour pas perdre de temps a coller 5m de plus de cable sur les plaintes… Mais bon c’est pas comme si, il y a 3 ans encore, certains imaginaient deja cet etat de fait.. Faut fiber fibrer , fibrer au plus vite… Le resultat etait previsible…