Le jeu vidéo est-il vendeur pour les FAI ?

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Les tendances futures du marché du haut débit sont souvent faciles à anticiper. Plus de débit, plus de chaînes de télévision en HD, plus de destinations téléphoniques en illimité… les attentes des consommateurs d’Internet sont relativement simples : un service performant et de qualité. Du coup, s’il y a bien un usage auquel on ne s’attendait pas, c’est bien l’arrivée des jeux vidéo sur les set-top-box…

Sur ce terrain, Free a fait office de précurseur. Pour la sortie de sa Freebox HD, le FAI présente une télécommande (à l’époque annoncée comme “la plus chère au monde”…) qui dispose d’une croix directionnelle et de boutons latéraux, à l’instar d’un pad console. Aussitôt, les rumeurs vont bon train sur l’arrivée de jeux directement sur Freebox. Il faudra néanmoins attendre plus de trois ans pour que la fonction voie effectivement le jour (voir aussi notre dossier : Jeux vidéo sur Freebox : décryptage de l’arlésienne).

Entre temps, les autres fournisseurs semblent y voir une tendance suffisamment intéressante pour se mettre au pas. SFR annonce l’arrivée des jeux vidéo sur sa Neufbox, par le biais d’une manette spécifique (actuellement, le service est en phase de beta-test). Orange emboîte le pas et annonce une fonction avancée sur sa future Orange Box équipée d’un processeur Atom, avec une télécommande à capteur de mouvements…

Alors, le jeu vidéo serait-il subitement devenu un média de masse, accrochant la clientèle et justifiant le choix d’un opérateur face à un autre ? Papy et mamie Michu se seraient-ils épris de Shinobi et autres Space Harrier ? En vérité, cela traduit deux tendances.

Premièrement, si le rétro-gaming plaît autant aux quinquagénaires qu’une partie de Scrabble plaît à la génération SMS, il faut tout de même y voir un mouvement global. Le jeu vidéo est on ne peut plus « tendance » depuis l’arrivée sur le marché de la Nintendo Wii. Organiser une soirée de jeux vidéo n’est plus une activité réservée à une minorité de passionnés ; l’arrivée de licences telles que Wii Sports ou Guitar Hero a banalisé cette pratique. Le marché du jeu vidéo est plus juteux que jamais et n’a d’ailleurs pas connu la crise ; dès lors, l’intérêt des fournisseurs d’accès à Internet devient bien compréhensible. Orange et SFR proposeront des jeux selon un modèle payant (en vente ou en location ?) ; Free a opté pour un modèle gratuit un peu différent, misant sur la vente des jeux amateurs sur son futur Freestore…

Deuxièmement, les opérateurs y voient sans doute une manière de préparer en douceur l’arrivée des jeux d’argent en ligne. Aucun ne se cache de vouloir proposer des jeux d’argent sur sa plateforme : Iliad (Free) a contracté des partenariats avec ChiliGaming, une société spécialisée dans le poker en ligne, et Orange a affiché ses ambitions de paris en ligne depuis la télévision… Ainsi, l’arrivée des jeux d’argent s’inscrira dans une continuité et paraîtra plus naturelle, moins… mercantile.

Reste une question essentielle : les boîtiers TV actuels sont-ils réellement faits pour accueillir des jeux vidéo ? Si on salue bien évidemment l’innovation, on ne peut que regretter la très médiocre qualité des titres proposés actuellement par Free sur Freebox. Il est, d’une manière générale, difficile d’envisager des titres beaucoup plus poussés tant que les Box n’auront pas pris un sérieux coup de boost en termes de puissance. En attendant, il y a gros à parier que le grand public, devant des jeux comme Doom ou un émulateur Master System, retournera à ses consoles de jeux. Pour les FAI, l’essai n’est pas (encore) transformé…

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Rédactrice principale sur Freenews de 2009 à 2020. Il paraît que des personnes demandent de mes nouvelles depuis.

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