On a testé… Jolicloud !

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On parle beaucoup sur le net de ce nouveau système d’exploitation pour netbooks imaginé et promu par Tariq Krim, le fondateur de Netvibes. Nous avons donc décidé de l’essayer par nous-mêmes et de vous donner nos premières impressions à son sujet.

L’idée de Jolicloud est de faire un pas en avant vers ce qu’on appelle le cloud computing (d’où son nom). En plus clair, ce concept part du principe que les applications les plus importantes ne se situent pas directement sur l’ordinateur, mais sur un serveur à distance. Une connexion à Internet est donc utilisée pour y accéder. A terme, le cloud computing pourrait proposer des systèmes d’exploitation entièrement en ligne. Evidemment, pour le moment, nous n’en sommes pas là.

Préambule

Jolicloud est pour le moment en version alpha, donc en version de développement instable. Ceci est à garder en tête lors de la lecture de ce test (réalisé sur la version Robby alpha 2c). L’accès à Jolicloud est restreint et il faut demander une autorisation pour pouvoir le télécharger.

Nous l’avons volontairement testé sur une configuration très modeste et adaptée à la mobilité, à savoir un EeePC 701 :

- Celeron M à 900 MHz

- espace disque 4 Go (SSD)

- 512 Mo RAM

- résolution 800*480

Il est bon de noter que Jolicloud n’est supporté que sur un certain nombre de netbooks dont la liste est disponible sur le site officiel. L’EeePC 701 fait heureusement partie de ceux-là.

L’installation (qui prend environ 2,5 Go, tout compris, sur l’espace disque disponible) ne pose pas de problèmes majeurs. Les habitués d’Ubuntu ne seront pas dépaysés puisqu’on y retrouve le même système de Live CD et d’installation en mode graphique.

Premiers clics

Première constatation : tout fonctionne par défaut sans heurts. Là où certaines distributions (dont Ubuntu, sur laquelle Jolicloud est pourtant basée) peinent à faire marcher d’emblée tous les périphériques du netbook (en particulier la capricieuse carte wifi), Jolicloud affiche immédiatement les réseaux disponibles et vous connecte en quelques clics. Appréciable !

On remarque également que la distribution s’adapte parfaitement à la résolution atypique de l’EeePC 701, ce qui n’a pas toujours été le cas pour l’interface Ubuntu Netbook Remix (normalement optimisée pour les écrans en 1024*600).


L’accueil est donc agréable à l’œil avec de belles icônes et la barre des tâches particulièrement économique en espace. Néanmoins, l’enthousiasme s’arrête là car en dehors de ces considérations, on se retrouve bien vite face à un Ubuntu Netbook Remix tout ce qu’il y a de plus standard… à moins que ?

Les applications

Les nouveautés se cachent en fait dans la petite icône en forme de nuage dans la barre d’outils. Elle renferme le principal outil de cette distribution : My Jolicloud. Une fois identifié avec votre compte Jolicloud, on vous demandera votre modèle de PC, puis vous atterrirez sur une interface du plus bel effet regroupant mises à jour, applications et autres machinchoses sociaux « deux point zéro ».

L’installation d’applications se fait tout aussi simplement qu’avec un autre gestionnaire de dépôts graphique ; un clic sur « Install » suffit pour que l’installation se télécharge puis s’installe en arrière-plan, tandis que vous pouvez continuer à utiliser votre ordinateur ou à sélectionner d’autres applications.


En plus des classements par genre ou encore par popularité, chaque application dispose d’une fiche avec un petit descriptif, une note fournie par les utilisateurs (fonction inactive pour le moment), etc.

Les mises à jour système passent également par My Jolicloud. Ce dernier est définitivement bien intégré au système et se connectera d’ailleurs automatiquement à chaque démarrage.


De l’intérêt d’Internet…

Un des intérêts majeurs de Jolicloud est qu’il identifiera chacun des PC que vous possédez sous le même compte et synchronisera ainsi tous vos paramètres entre eux à chaque connexion. Il s’agit sans doute là de la fonction la plus intéressante de l’OS.

On ne comprendra cependant pas très bien pourquoi les développeurs ont tenu à lui apporter une couche sociale façon Facebook ou Twitter ; en effet, My Jolicloud intègre un système d’amis qui vous permet de rechercher et suivre l’activité d’autres utilisateurs du même système d’exploitation. Si voir que Tariq Krim n’a pas mis à jour son Jolicloud pourra en amuser certains les premiers temps, cela n’a guère d’intérêt sérieux.




A moitié bien pensé

Jolicloud est une sorte de paradoxe ; d’un côté, on y trouve une interface solide (My Jolicloud) et des raccourcis extrêmement bien pensés pour l’utilisateur lambda. Par exemple, vous pourrez installer l’application Spotify sur votre netbook, aussi simplement qu’une autre, bien qu’elle ne soit disponible que sous Windows ; le système se charge d’installer et de configurer Wine, et le tout est totalement transparent pour l’utilisateur ! La seule difficulté d’utilisation résidera finalement dans le fait que Spotify ne soit pas pensé pour les petites résolutions…


De l’autre côté, on regrettera définitivement que la belle interface My Jolicloud ne soit finalement pas plus exploitée, et ne fasse office que de gestionnaire de dépôts APT quelconque (à la manière de Synaptic). Une fois installées, les applications se lancent finalement par l’interface habituelle d’Ubuntu Netbook Remix…

En parlant d’applications, la plupart ne sont en réalité que des raccourcis vers une page web. Si cela fait en principe partie du concept, cela rend l’ordinateur très désagréable à l’usage. En effet, il est pénible de devoir passer de Firefox à une application de type Gmail / Twitter / Facebook sous Prism (alors que ce dernier n’est autre que Firefox sans barre d’outils). De plus, il manque alors certains raccourcis indispensables à la navigation comme le Précédent… beaucoup de personnes n’ont pas le réflexe d’utiliser les raccourcis clavier (Alt+Gauche) et chercheront à l’écran une icône inexistante.

Jolicloud pâtit finalement du manque d’optimisation des applications pour un usage de type cloud computing. Si les services Google bénéficient pour la plupart d’un mode offline à installer préalablement, ils ne sont pas tous très au point. Google Docs pourrait tout à fait remplacer une suite bureautique complète s’il fonctionnait parfaitement hors ligne ; cependant, une fois la connexion perdue, il est possible d’éditer un document de A à Z, mais pas d’en créer un… vous avez intérêt à créer des documents vierges avant de vous déconnecter. Ubuesque !


En conclusion…

Jolicloud repose sur un concept novateur et intéressant (indéniablement, il s’agit du modèle vers lequel l’informatique s’oriente pour le futur). Malheureusement, il ne fait que l’effleurer, technologiquement parlant.

My Jolicloud aurait pu être une très bonne interface à part entière, mais se révèle n’être finalement qu’un bon soft d’installation/administration du système.

Le concept d’applications web aurait pu être viable, mais il est encore prématuré à l’heure où la plupart des services proposés sur le net manquent de maturité et d’intérêt face à un logiciel installé sur votre disque dur.

On a l’impression que la distribution s’égare dans des modes inutiles (le concept d’amis…) sans avoir su trouver le bon équilibre entre le rêve (un OS 100% connecté) et le concret (exploitation d’applications déjà existantes, services en mode offline).

D’ici quelques années, les services Google (et d’autres) auront sans doute suffisamment évolué pour rendre le principe viable et accessible à grande échelle. Mais parlera-t-on toujours de Jolicloud d’ici là ? Rien n’est moins sûr…

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About Author

Rédactrice principale sur Freenews de 2009 à 2020. Il paraît que des personnes demandent de mes nouvelles depuis.

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