Coup de théâtre sur le marché des droits sportifs : sauf retournement de dernière minute, DAZN va acter cette semaine la fin anticipée de son contrat de diffusion de la Ligue 1, pourtant signé jusqu’en 2029. L’annonce, attendue pour le 2 mai lors du prochain conseil d’administration de la Ligue de Football Professionnel (LFP), vient clore plusieurs semaines de négociations tendues, révélant à quel point l’économie du football français reste instable sur le plan de la valorisation audiovisuelle.
Une sortie à 100 millions d’euros
Pour se désengager de son contrat pluriannuel à 375 millions d’euros, DAZN aurait accepté de verser 100 millions d’euros à la LFP, en plus de s’acquitter de la part restante due pour la saison en cours (environ 140 millions d’euros). En contrepartie, la plateforme britannique serait libérée de ses engagements, laissant la voie ouverte à un nouveau modèle de distribution : une chaîne 100 % Ligue 1, directement opérée ou co-produite par la LFP, avec DAZN en soutien.
Le projet n’est pas totalement nouveau. Sous l’impulsion de Nicolas de Tavernost, nommé à la tête de LFP Media, la Ligue cherche à reprendre la main sur la valorisation de ses droits. En l’absence d’un diffuseur premium unique (Canal+, beIN, Amazon), l’idée d’une chaîne maison revient avec insistance, calquée sur les modèles de chaînes OTT verticales déployées en Italie ou aux États-Unis.
Une chaîne… sans indemnité ?
Mais cette perspective soulève une question déterminante : en acceptant une co-production avec DAZN, la LFP renoncerait à l’indemnité de rupture. Un choix stratégique qui pourrait fragiliser l’équilibre budgétaire de la Ligue à court terme, mais s’avérer gagnant si la chaîne trouve son public et ses abonnés.
DAZN, de son côté, cherche à rester dans l’écosystème Ligue 1, non plus comme simple diffuseur mais comme partenaire technologique. Forte de son infrastructure de diffusion, de son expertise en streaming et de son réseau international, la plateforme veut transformer son rôle en prestataire, à l’image de ce que fait Endeavor pour la WWE ou la Formule 1. Reste à savoir si cette mue suffira à regagner la confiance des clubs.
Canal+ et beIN en embuscade
L’équation ne sera pas simple : beIN Sports détient encore un match du samedi 17h et ne se retirera pas sans garanties. La chaîne qatarie pourrait exiger un rôle dans la future chaîne ou une contrepartie commerciale. Canal+, quant à elle, reste officiellement en retrait, mais des discussions informelles seraient en cours, notamment pour reprendre l’affiche du dimanche soir.
Le nouveau patron de la LFP s’est donné jusqu’à début juin pour trouver une solution viable. Ce laps de temps permettra d’ouvrir le jeu à d’autres acteurs ou de finaliser le projet de chaîne. Dans tous les cas, l’urgence est réelle : la saison s’achève dans quelques semaines, et aucun dispositif de diffusion pour 2025-2026 n’est encore figé.