Xavier Niel : le jour J pour le Conseil d’Administration de la Provence

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La guerre est ouverte entre Xavier Niel, par l’intermédiaire de sa holding NJJ Avenir Développement, et CMA CGM depuis de nombreux mois, dans le cadre du projet de reprise déposé auprès du Liquidateur Judiciaire du Groupe Bernard Tapie.

En jeu, ce qui reste à prendre du capital social, outre les 11% appartenant à la holding de l’opérateur, qui lui permettent en sa qualité d’actionnaire minoritaire, de faire jouer son droit de véto.

C’est dans ce contexte, que doit se tenir le conseil d’administration décisif aujourd’hui, consécutif aux deux décisions judiciaires rendues en première instance, par le Tribunal de Commerce de Marseille qui avait retiré à Xavier Niel, l’usage de son droit de véto, puis par la Cour d’Appel d’Aix en Provence, qui a par la suite, statué en faveur de son rétablissement.

La question qui se pose est donc : entend-il le faire jouer ?

Les intérêts des créanciers vs ceux du quotidien régional.

L’enjeu est ni plus ni moins le contrôle du groupe de presse régionale et ses deux quotidiens les plus rentables, La Provence et Corse Matin.

Sauf que, la santé financière de GBT, en liquidation judiciaire depuis 2020, est médiocre, avec un contingent de créanciers à la hauteur des ambitions de Bernard Tapie (dont l’Etat) en son temps et les deux liquidateurs judiciaires dont la mission consiste à faire rembourser un montant maximum des créances, souhaitent garantir ces dernières avec un prix de vente optimum pour les 89% en jeu.

Or, l’offre de rachat de Xavier Niel est jugée comme « symbolique » avec ses 20 millions d’euros, contre les 81 mis sur la table par l’armateur marseillais, retenu comme mieux disant, mais avec un projet de restructuration différent mais subordonnée au jeu d’une clause d’agrément prévue statutairement.

Le Conseil d’Administration de son côté, est composé deux représentants d’Avenir Développement, et trois de GBT dont Stéphane Tapie, fils aîné de Bernard Tapie, le PDG de La Provence Jean-Christophe Serfati et la secrétaire générale du groupe Virginie Layani.

Du côté de CMA CGM, ont plaide en faveur du principe de non concentration de la presse, comme de l’intérêt social, ainsi que le rappelle la société, qui précise que :

« Notre offre, elle maintient l’emploi, elle maintient l’activité et elle a été validée par les six CSE (Comité social et économique, NDLR) de La Provence, cinq à l’unanimité et le sixième avec dix voix sur 14 ».

« L’intérêt social de La Provence aujourd’hui, c’est d’avoir un nouvel actionnaire en bonne santé qui ait recueilli un avis favorable des CSE », est-il également indiqué auprès de l’AFP.

Une porte de sortie mais … sous certaines conditions.

La Cour d’appel d’Aix-en-Provence a malgré tout reconnu l’existence d’un « conflit d’intérêts » pour Avenir Développement, juge et parte dans le cadre de la procédure d’agrément intéressant CMA CGM, ce qui fait courir le risque d’une situation de blocage au sein même de l’entreprise ; le liquidateur ayant toujours la possibilité de procéder à un retrait de la vente des actions en cause, ce qui entraînerait la chute irréversible de l’entreprise.

La situation est redoutée par les salariés, qui de leur côté ne souhaitent que la survie du quotidien régional, tout en laissant planer le doute sur les véritables intentions d’une majorité d’entre eux ; en effet, pour eux, demeure la véritable question du choix, non pas en termes financiers, mais en terme de projet et d’avenir, ce qui n’est pas vraiment le même débat, suggérant que si Xavier Niel souhaitait véritablement acquérir le quotidien, il pouvait agréer l’offre de reprise tout en faisant jouer son droit de préemption, lui aussi statutairement convenu… mais en s’alignant sur la proposition de CMA CGM.

Résultat des courses dans la journée.

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