Le lancement de la 5G+ en France constitue une étape importante dans l’évolution des réseaux mobiles, notamment avec l’introduction de la technologie Standalone (SA), qui promet un bond en avant en matière de latence, de fiabilité et de capacités réseau. Pourtant, chez Bouygues Telecom, cette avancée reste largement inaccessible au grand public. En réservant l’accès à son réseau 5G+ à une seule offre très haut de gamme, l’opérateur semble faire un choix clivant, en rupture avec la démarche plus inclusive de Free Mobile ou d’Orange.
Une 5G+ activée, mais sous conditions restrictives.
Depuis le 23 juin 2025, Bouygues Telecom propose officiellement à ses clients l’accès à la 5G+ (ou 5G SA), technologie de nouvelle génération permettant des communications plus rapides, des temps de latence réduits et une meilleure efficacité énergétique. Cependant, seuls les détenteurs du forfait 300 Go à 59,99€/mois (ou 54,99€/mois pour les abonnés Bbox), avec engagement de 24 mois, peuvent activer cette option.
Même si l’opérateur annonce que l’option 5G+ est incluse « sans frais supplémentaires », elle reste verrouillée derrière un palier tarifaire élevé, excluant la majorité de ses abonnés mobiles. Ce positionnement limite non seulement la visibilité de la technologie auprès du grand public, mais pose aussi la question de la cohérence de l’offre à l’heure où les usages numériques intensifs se démocratisent largement.
Compatibilité des terminaux et couverture : une accessibilité encore freinée.
L’autre barrière majeure à l’adoption de la 5G+ chez Bouygues Telecom concerne les terminaux compatibles. La liste des smartphones éligibles reste limitée à quelques modèles haut de gamme récents, principalement chez Apple (iPhone 15/16), Samsung (Galaxy S22 à S25, Z Fold/Flip) et Xiaomi (14 et 14T Pro). En comparaison, Free Mobile revendique une compatibilité 5G+ avec plus de 100 modèles.
En outre, le réseau 5G+ de Bouygues n’est pour l’instant disponible que dans une poignée de zones urbaines denses, ce qui réduit encore l’intérêt de l’offre. Pour activer la fonctionnalité, les clients doivent disposer d’une carte SIM compatible SA, sinon en demander une nouvelle (souvent payante), ou migrer vers une eSIM. À cela s’ajoute le manque de signal visuel sur les téléphones : contrairement à la 5G classique, aucun logo 5G+ n’indique la connexion à ce nouveau réseau.
Bouygues prend le contrepied d’une stratégie d’ouverture.
Alors que la plupart des opérateurs misent sur une diffusion large de la 5G+, Bouygues Telecom semble privilégier une approche centrée sur la monétisation de la nouveauté. Ce choix le place en opposition avec Free Mobile, qui propose la 5G+ sans surcoût sur ses forfaits 19,99€/mois (ou 15,99€/mois pour les abonnés Freebox), et Orange, qui l’a également intégrée dans ses offres classiques sans segmentation tarifaire forte.
Cette stratégie « premium only » pourrait freiner l’émergence de nouveaux usages – cloud gaming, réalité virtuelle, téléopérations, etc. – qui nécessitent des réseaux mobiles à très faible latence. Elle risque aussi d’accentuer les inégalités d’accès au numérique à l’heure où le très haut débit devient un pilier de la compétitivité numérique et de l’inclusion digitale.
La 5G+ entre rupture technologique et fracture tarifaire.
En réservant la 5G+ à une clientèle très haut de gamme, Bouygues Telecom fait le pari de la valorisation technologique par l’élitisme. Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits ou si l’opérateur devra suivre ses concurrents pour ne pas rester en marge de l’évolution des usages mobiles. Pour les freenautes, cette situation illustre une nouvelle fois la singularité de la stratégie Free : rendre les innovations technologiques accessibles au plus grand nombre, sans condition tarifaire excessive. Une ligne qui pourrait faire la différence à mesure que la 5G+ devient un véritable standard du quotidien.