Site icon Freenews

Netflix dépasse Google sur le trafic internet en France : un miroir de nos usages ?

balise alt = Netflix trafic internet France 2025

C’est un chiffre qui peut surprendre, mais qui dit beaucoup sur la réalité de nos usages numériques : selon le rapport 2025 de l’Arcep sur l’état d’Internet en France, Netflix est le premier générateur de trafic internet dans l’Hexagone, devant Google. Plus de 6 Tbit/s de données transitent chaque seconde depuis la plateforme de streaming vers les abonnés français. Une démonstration éloquente du poids croissant de la vidéo dans nos vies connectées.

Netflix en tête du trafic internet en France.

Au 31 décembre 2024, le trafic internet entrant en France s’élevait à 50,8 Tbit/s. À lui seul, Netflix représentait 12,3 % de ce volume, soit plus de 6 Tbit/s. Google (YouTube inclus) arrive à 7,3 %, derrière Akamai (12,2 %), un acteur moins connu du grand public mais essentiel dans la distribution de contenus pour de grandes entreprises et médias français.

Cette donnée montre une concentration extrême : cinq entreprises (Netflix, Akamai, Meta, Google et Amazon)génèrent à elles seules 47 % du trafic internet en France. Les autres acteurs, comme Canal+ (2,7 %), Apple (1,6 %), ou TikTok (1,6 %), sont bien derrière.

Ce que le poids de Netflix dit de nous.

La vidéo, roi incontesté de la bande passante.

Ce classement ne reflète pas la fréquence d’usage, mais la quantité de données transférées. Une requête Google pèse quelques kilo-octets. Un épisode en 4K sur Netflix peut consommer plusieurs Go. Autrement dit : ce n’est pas ce qu’on fait le plus souvent qui consomme le plus, mais ce qu’on regarde le plus longtemps.

La tendance est claire : le streaming vidéo est devenu l’usage dominant d’Internet. Ce phénomène, amorcé il y a dix ans avec YouTube puis Netflix, ne cesse de s’accélérer. L’arrivée de Disney+, Prime Video, Paramount+ ou encore Apple TV+ diversifie l’offre, mais Netflix reste le plus lourd en données.

Optimisation technique et pression écologique.

Fait notable : la part de Netflix dans le trafic internet français est en baisse sensible, passant de 15,3 % en 2023 à 12,3 % en 2024. Si la plateforme reste largement en tête du classement, cette érosion relative traduit plusieurs dynamiques convergentes.

D’abord, l’amélioration des algorithmes de compression permet de diffuser des contenus de qualité égale avec une empreinte réseau réduite. Netflix investit depuis plusieurs années dans ses propres codecs (comme AV1) pour optimiser la bande passante consommée par ses flux, notamment en 4K et HDR.

Ensuite, le marché du streaming s’est diversifié : de nouveaux entrants comme Disney+, Prime Video, Paramount+, Universal+ ou encore Apple TV+ ont capté une partie de l’attention (et donc du trafic) des utilisateurs. Cette fragmentation réduit mécaniquement la part de Netflix dans le volume total de données transférées.

Enfin, les habitudes post-Covid ont évolué. Le temps d’écran en streaming, qui avait explosé pendant les confinements, semble s’être stabilisé voire diminué pour certains profils. Les utilisateurs jonglent davantage entre différents formats (podcasts, jeux, lives, contenus courts), ce qui allège la charge du streaming longue durée.

Cette tendance s’inscrit également dans un contexte de prise de conscience environnementale. L’Arcep et l’ADEME militent pour une sobriété numérique, via des recommandations sur la qualité de diffusion, le déclenchement automatique de la HD ou encore la priorisation des connexions à faible impact. Ces politiques publiques, relayées parfois par les opérateurs eux-mêmes, commencent à produire des effets mesurables sur les usages.

Une concentration qui interroge.

Derriere ces chiffres se cache une dépendance structurelle à un petit nombre d’acteurs. Netflix, Google, Amazon… Ces entreprises américaines contrôlent les flux, mais aussi les interfaces et les contenus. Cela pose des questions d’indépendance, de régulation, voire de fiscalité. L’Arcep, à travers son travail sur la neutralité du net et les interconnexions, entend maintenir un accès équitable à la bande passante.


Quitter la version mobile