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DAZN quitte les offres Canal+ : une rupture sportive aux airs de réajustement stratégique

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Le petit monde des offres TV évolue encore. Canal+, géant français de la distribution télévisuelle, vient d’annoncer l’arrêt de la plateforme sportive DAZN au sein de ses offres à compter du 31 juillet 2025. Un retrait sans préavis retentissant, qui pourrait paraître anodin au premier regard, mais qui questionne en profondeur la stratégie des agrégateurs de contenus sportifs comme Canal+ et la place de nouveaux entrants comme DAZN dans l’écosystème français.

DAZN disparaît donc des abonnements Canal+.

Les abonnés à DAZN via Canal+ ont reçu un e-mail officiel leur annonçant la fin de la distribution de la plateforme au 31 juillet. À cette date, l’option sera automatiquement retirée de leur contrat et ne sera plus facturée, sans action à effectuer de leur part.

DAZN, spécialisé dans la diffusion de sports de combat (MMA, boxe, kickboxing), mais aussi de disciplines comme le tennis, le volley, le basket ou encore les échecs, ne sera donc plus accessible via l’environnement Canal. Pour continuer à bénéficier de ces contenus, les amateurs devront se tourner vers un abonnement direct auprès de DAZN.

Canal+, de son côté, rassure : ses abonnés continueront à profiter d’une offre sportive riche, avec notamment les compétitions UEFA (Champions, Europa et Conference League), la Premier League, la Formule 1, la Moto GP, le rugby (Top 14) et une partie de la Ligue 1 via beIN Sports.

Un partenariat discret, une fin brutale.

DAZN, arrivé tardivement en France et intégré en toute discrétion dans certaines offres Canal+ courant 2023, n’a jamais été massivement mis en avant. L’absence de campagnes marketing croisées ou d’intégration profonde dans l’écosystème myCANAL témoignait déjà d’un partenariat au rabais, ou du moins en test.

L’arrêt pur et simple de cette distribution montre probablement que les résultats n’étaient pas à la hauteur des attentes des deux parties : faible taux d’activation, doublon de catalogues sportifs, ou différenciation trop faible par rapport à l’offre cœur de Canal+.

Un recentrage assumé par Canal+.

Ce retrait s’inscrit dans un repositionnement plus global de Canal+, qui continue de vouloir apparaître comme l’agrégateur premium de contenus ciné, séries et sport, sans pour autant diluer son offre. La multiplication des options tiers peu intégrées peut en effet nuire à la lisibilité et à la valeur perçue par l’abonné.

En mettant fin à l’option DAZN, Canal+ simplifie sa grille, renforce ses contenus maison (et ses propres droits acquis à prix d’or) et envoie un signal : le sport sur Canal doit rester exclusif, clair et centré sur les droits les plus attractifs.

DAZN toujours en difficulté d’ancrage en France.

Malgré sa volonté de s’implanter sur le marché français, DAZN peine à trouver sa place. Son catalogue, bien que diversifié, souffre d’un manque de compétitions majeures dans le football local ou européen. La France, dominée par Canal+, beIN Sports et Amazon sur les droits les plus visibles, ne lui a laissé que des miettes.

L’absence de Ligue 1, de Ligue des Champions ou de Premier League constitue un frein majeur à l’acquisition de nouveaux abonnés. Et sans levier fort via un distributeur puissant comme Canal+, DAZN devra redoubler d’efforts en marketing direct, UX et partenariats alternatifs.

Les abonnés Canal+ pas vraiment perdants… mais vigilants

Pour la majorité des abonnés Canal+, cette suppression de DAZN passera inaperçue. Mais pour une niche d’aficionados de boxe, de MMA ou de sports « secondaires », la perte est réelle. Ce sont souvent des publics jeunes, connectés, amateurs de contenus internationaux – autrement dit, les plus susceptibles de se détourner des offres classiques.

Canal+ devra surveiller de près ces signaux faibles : l’exclusivité ne doit pas devenir exclusion, et le recentrage stratégique ne doit pas faire fuir les early adopters et passionnés, souvent prescripteurs dans leur entourage.

L’ère post-agrégation : chacun pour soi ?

Cet épisode s’inscrit dans une recomposition plus large : la fin d’une époque où Canal+ se voulait le guichet unique du sport télévisé. Avec des plateformes qui veulent toutes garder leurs clients dans leur propre écosystème (Amazon avec Ligue 1, UEFA.tv, NBA League Pass, DAZN en direct), le modèle de l’agrégation via un seul acteur semble s’effriter.

Pour Canal+, l’enjeu est de ne pas devenir un simple « hub » sans valeur ajoutée. Pour DAZN, c’est l’urgence de se faire une place en direct dans un paysage saturé.

Et Free dans tout ça ?

Les abonnés qui suivent l’actualité des contenus ont un œil attentif sur ces mouvements. Free, via sa Freebox, propose une intégration relativement ouverte des services de streaming et des options sportives (beIN, Prime Video Ligue 1, Free Ligue 1 Uber Eats…).

L’enjeu à moyen terme pourrait être de voir si Free peut, à son tour, tisser des partenariats avec DAZN ou d’autres acteurs pour enrichir son univers de contenus – sans surcoût, sans engagement, fidèle à son ADN.

Un retrait symptomatique d’un marché en tension.

Le départ de DAZN de l’offre Canal+ n’est pas une révolution, mais un révélateur. Il illustre les tensions croissantes entre distributeurs historiques et plateformes indépendantes, l’essoufflement du modèle d’agrégation global, et les difficultés à rentabiliser les « petits » sports à l’ère du tout-football.

Dans un univers où chaque plateforme veut contrôler la relation client, les abonnés deviennent des butins de guerre. Et chaque arbitrage – comme celui de Canal+ – redessine un peu plus les frontières du paysage audiovisuel sportif français.

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