Coup de tonnerre dans l’univers du football français : Canal+, acteur historique de la diffusion du football en France, se retire brutalement des négociations avec la Ligue de Football Professionnel (LFP) concernant sa future chaîne dédiée à la Ligue 1. À quelques semaines seulement de la reprise du championnat, cette décision inattendue laisse le paysage médiatique sportif français plongé dans l’incertitude. Pourquoi Canal+ refuse-t-il ce partenariat et quelles en seront les conséquences immédiates pour les supporters ?
Canal+ claque la porte : le cœur du conflit avec la LFP.
Le président du directoire de Canal+, Maxime Saada, a annoncé officiellement à L’Équipe la décision de l’opérateur historique de mettre fin aux discussions avec la LFP. Alors que la Ligue comptait sur Canal+ pour lancer sa chaîne 100 % Ligue 1, diffusant huit des neuf matchs de chaque journée, le groupe audiovisuel a brutalement stoppé les négociations.
Le point central du désaccord réside dans le tarif proposé par la LFP pour son nouvel abonnement : environ 20 euros par mois. Ce tarif est jugé excessif par Canal+, notamment parce que l’offre ne couvre pas l’intégralité des matchs et que le concurrent direct « 100% Coupes d’Europe » est proposé à seulement 10 euros mensuels. Cette divergence tarifaire est le reflet d’une tension persistante, exacerbée par les suites du fiasco Mediapro en 2021.
Canal+ n’a en effet jamais digéré le fait d’avoir payé 332 millions d’euros annuels pour seulement deux matchs par journée après que la majorité des droits ait été revendue à Amazon pour seulement 250 millions d’euros. Le groupe avait même demandé une réparation symbolique à la LFP, comme la co-diffusion gratuite d’une affiche de Ligue 1 pendant une ou deux saisons, sans succès.
Pourquoi Canal+ quitte réellement la table ?
Au-delà du prix, le problème soulevé par Canal+ touche à la vision à long terme du projet. Le groupe critique fortement la possibilité offerte à la Ligue de rompre le partenariat après deux ans seulement. Pour Maxime Saada, il est impossible de bâtir une stratégie commerciale solide sur une durée aussi courte : « Que construit-on en deux ans ? », interroge-t-il avec fermeté.
Autre point sensible : l’absence de garanties sur l’exclusivité des contenus proposés par la future chaîne de la LFP. Canal+ ne peut accepter le risque que la Ligue sous-licencie certains matchs à d’autres chaînes, voire en diffusion gratuite, diluant ainsi la valeur d’un abonnement censé être premium.
Ces désaccords révèlent une véritable crise de confiance entre Canal+ et la LFP, marquée par un passif lourd suite à l’affaire Mediapro. Cette situation pousse donc Canal+ à protéger ses intérêts stratégiques, préférant rompre plutôt que de s’engager dans un partenariat jugé risqué et peu clair.
Quel diffuseur pour la Ligue 1 ?
Ce départ soudain de Canal+ laisse un vide inquiétant dans le paysage audiovisuel sportif français, à seulement quelques semaines de la reprise du championnat. Si Nicolas de Tavernost, nouveau patron de LFP Media, assure que la chaîne verra bien le jour, l’absence d’un distributeur majeur comme Canal+ rend le projet extrêmement fragile.
La Ligue se retrouve ainsi dans l’obligation urgente de trouver une alternative fiable, ce qui pourrait ouvrir la porte à de nouvelles négociations avec d’autres acteurs du marché, tels que les géants du streaming sportif comme Amazon ou DAZN, voire à un retour à la table des négociations avec Canal+ sous des conditions revues à la baisse.
Ce retrait de Canal+ pourrait également accélérer l’évolution des modes de consommation du football en France, poussant la Ligue à envisager sérieusement des solutions digitales innovantes et des modèles économiques alternatifs, à l’instar d’autres ligues européennes.
A terme, une redéfinition majeure du marché audiovisuel sportif français.
Le retrait de Canal+ constitue une rupture historique qui pourrait profondément redéfinir les contours du marché audiovisuel sportif français. La LFP est désormais confrontée à un enjeu stratégique majeur : trouver rapidement un nouveau modèle économique stable pour assurer la pérennité financière et l’attractivité médiatique de la Ligue 1.
La question essentielle reste ouverte : la Ligue parviendra-t-elle à stabiliser rapidement cette situation critique ou se dirige-t-on vers une profonde restructuration des droits télévisuels sportifs en France ?