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Siri : Apple visé en France par une action collective pour écoutes abusives

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Les critiques à l’égard des assistants vocaux se multiplient, mais cette fois, Apple est directement dans la ligne de mire en France. Une action collective vient d’être lancée contre la firme à la pomme, accusée d’avoir permis des écoutes via Siri sans le consentement clair de ses utilisateurs. En jeu : la confidentialité, les droits numériques… et potentiellement un remboursement massif des appareils Apple concernés.

Une procédure inédite pour obtenir réparation en France

Depuis le 13 mai 2025, trois avocats spécialisés en droit numérique ont lancé une procédure collective inédite en France contre Apple. Ils invitent les utilisateurs d’appareils Apple à rejoindre cette action, qui cible directement l’assistant vocal Siri. Les avocats reprochent à Siri d’avoir enregistré et transmis des conversations sans que les utilisateurs aient donné un consentement éclairé.

Les plaignants exigent au minimum le remboursement de chaque appareil Apple utilisé (iPhone, iPad, Mac, AirPods ou Apple Watch) datant de moins de dix ans. Pour certains profils sensibles – comme les professionnels soumis au secret, notamment les médecins ou les avocats – ils envisagent également de demander des dommages et intérêts. Ils prévoient d’envoyer une mise en demeure à Apple avant de saisir le tribunal judiciaire de Paris, d’ici l’été.

Le site ecoutesabusives.fr recueille dès maintenant les inscriptions. Il met en lumière une possible violation du Règlement général sur la protection des données (RGPD), qui exige un consentement explicite pour toute collecte audio destinée à l’entraînement d’un outil technologique comme Siri.

Siri, vie privée et consentement : le débat relancé

Apple n’en est pas à sa première controverse concernant Siri. Aux États-Unis, la firme a déjà accepté de verser 95 millions de dollars pour mettre un terme à une action collective similaire. En Europe, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) a déposé une plainte en février 2025, en s’appuyant sur le témoignage d’un ancien sous-traitant d’Apple basé en Irlande. Ce lanceur d’alerte a révélé que l’assistant vocal captait et transcrivait des conversations privées, même sans activation volontaire de Siri.

Cette affaire ravive un débat essentiel : faut-il considérer par défaut les échanges avec un assistant vocal comme relevant de la vie privée ? Et si les entreprises utilisent ces données pour améliorer leurs services, dans quelles limites doivent-elles opérer ? Sur le plan juridique, capter des données à l’insu de l’utilisateur sans consentement explicite, spécifique et réversible constitue une infraction.

Apple répond en affirmant qu’il ne conserve aucun enregistrement Siri sans l’accord explicite de l’utilisateur. Selon l’entreprise, ces données – lorsqu’elles sont collectées – servent uniquement à optimiser les performances de Siri. Elle rappelle également avoir suspendu, dès 2019, son ancien programme d’analyse vocale, à la suite d’une enquête du Guardian qui avait suscité une vive polémique.

Vie privée ou optimisation technologique ?

Julien Bayou et d’autres figures politiques soutiennent activement cette action collective, qui met en lumière une tension de plus en plus manifeste entre l’innovation technologique et le respect de la vie privée. Si les accusations se confirment, elles pourraient entacher sérieusement la réputation d’Apple sur le terrain sensible de la protection des données personnelles. À l’inverse, cette affaire pourrait aussi constituer un tournant décisif pour les droits numériques des utilisateurs en France.

Alors que les assistants vocaux s’invitent dans notre quotidien, cette situation soulève une interrogation de fond : jusqu’où sommes-nous prêts à tolérer l’écoute de nos échanges privés ? Et surtout, qui détient réellement le contrôle de ces données ?

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