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Antitrust : la FTC soutient la proposition du ministère américain de la Justice contre Google

La Federal Trade Commission (FTC) vient de prendre position dans une affaire antitrust des plus sensibles de ces dernières années intéressant Google selon des propos rapportés par Reuters. Elle soutient la proposition du ministère américain de la Justice (DOJ), qui souhaite contraindre le moteur de recherche à partager ses données avec ses concurrents. Une initiative qui pourrait profondément transformer l’équilibre du marché de la recherche en ligne. Explications.

Une proposition inédite pour limiter le monopole de Google

Le DOJ accuse Google de détenir un monopole illégal sur la recherche en ligne. Dans le cadre de cette procédure, le ministère propose un ensemble de mesures visant à rétablir la concurrence, dont une en particulier : obliger Google à partager ses données de recherche avec des plateformes concurrentes. Cette mesure, inédite à cette échelle, vise à briser la domination du géant de Mountain View en ouvrant l’accès à des données jusqu’ici ultra-stratégiques.

Face à cette perspective, la FTC affirme que la proposition inclut des garanties suffisantes pour protéger la vie privée des utilisateurs. Elle souligne également que la concurrence ainsi favorisée exercerait une pression salutaire sur Google pour améliorer ses propres pratiques en matière de confidentialité. Un comité indépendant, similaire à ceux supervisant déjà les réglementations en matière de vie privée, serait chargé de contrôler la bonne application de ces nouvelles règles.

Google se défend et invoque le respect de la vie privée

Le groupe Alphabet, maison mère de Google, n’entend pas céder sans résister. Son PDG Sundar Pichai a déclaré que cette obligation de partage menacerait la propriété intellectuelle de l’entreprise et mettrait en péril la confidentialité des utilisateurs. Google affirme déjà avoir entamé des démarches pour rendre ses partenariats moins exclusifs, notamment ceux avec Apple, qui préinstallent Google comme moteur de recherche par défaut.

Mais le DOJ, accompagné de plusieurs procureurs généraux d’État, ne se satisfait pas de ces engagements. Il réclame en parallèle des actions fortes : forcer Google à vendre son navigateur Chrome et interdire les paiements versés aux constructeurs pour imposer son moteur de recherche.

L’intelligence artificielle, un autre champ de tension réglementaire

Au-delà du search, l’affaire antitrust s’étend à l’intelligence artificielle. Le DOJ craint que Google n’utilise sa position dominante pour étendre son contrôle à ce nouveau secteur stratégique. Dans ce cadre, la proposition inclut une clause obligeant Google à notifier à l’avance toute prise de participation ou partenariat dans des entreprises d’IA.

Cette mesure inquiète Anthropic, une start-up d’intelligence artificielle soutenue par Google. Dans un document adressé à la cour, elle estime qu’une telle contrainte dissuaderait les investissements dans les jeunes pousses du secteur. Pour Anthropic, cette surveillance nuirait à la concurrence dans l’IA plutôt qu’elle ne la favoriserait. Google, de son côté, détient une participation minoritaire de plusieurs milliards dans cette entreprise concurrente d’OpenAI.

Une décision attendue qui pourrait redessiner l’Internet mondial

Le juge fédéral de Washington, en charge du dossier, a reçu de nombreuses contributions d’experts et d’organisations de défense des consommateurs. Alors que le procès touche à sa fin, l’enjeu dépasse de loin le cadre américain. Si les mesures proposées sont validées, c’est tout le modèle économique de la recherche et de la publicité en ligne qui pourrait être rééquilibré. Pour Google, le risque est clair : perdre son statut de porte d’entrée quasi exclusif à l’information sur Internet.

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